Le parti au pouvoir au Zimbabwe, la Zanu-PF, a évincé dimanche Robert Mugabe de la tête de la formation et lui a fixé un ultimatum : s’il ne quitte pas son poste de chef d’État d’ici lundi, une procédure de destitution sera enclenchée.
Robert Mugabe plus proche de la sortie que jamais. Le président zimbabwéen a été révoqué dimanche 19 novembre de ses fonctions de président du parti au pouvoir, la Zanu-PF. Son épouse Grace Mugabea également été destituée de la présidence de la puissante ligue des femmes du parti.
“Le camarade Robert Mugabe doit démissionner de la présidence du Zimbabwe et s’il ne l’a pas fait d’ici lundi midi (…) le président du Parlement” enclenchera la procédure de destitution, a déclaré dans la foulée, sous les vivats, le porte-parole de la Zanu-PF, Simon Khaye Moyo, à l’issue d’une réunion d’urgence du parti.
DES MEMBRES DE LA ZANU-PF LAISSENT EXPRIMER LEUR JOIE EN DANSANT APRÈS LA RÉVOCATION DE ROBERT MUGABE DU PARTI.
“Notre nouveau leader est [l’ancien vice-président] Emmerson Mnangagwa”, ont annoncé trois délégués du parti interrogés par Reuters. À 75 ans, cet ancien fidèle du président Mugabe n’a pas été vu en public depuis son éviction début novembre par le président. Il sera la candidat de la formation lors de la prochaine présidentielle prévue en 2018.
L’ANALYSE DE FRANCIS KPATINDE, JOURNALISTE, SPÉCIALISTE DU ZIMBABWE
Le dirigeant de 93 ans a une nouvelle fois rencontré, en milieu d’après-midi dimanche, des chefs militaires, selon un média d’État. Il s’agit d’une nouvelle réunion de négociation de son départ depuis le coup de force de l’armée qui l’a placé mercredi en résidence surveillée. Depuis, Robert Mugabe a catégoriquement refusé de quitter la présidence, qu’il occupe depuis 37 ans.
Ses soutiens historiques l’ont abandonné tour à tour ces dernières heures : les anciens combattants de la guerre d’indépendance, pourtant considérés comme des piliers du régime, lui ont lancé un ultimatum sans équivoque dimanche matin. “Il ferait mieux de renoncer”, a lancé leur chef, Chris Mutsvangwa, “s’il ne le fait pas, l’armée doit en finir avec lui aujourd’hui”.
Obtenir une reddition en douceur
Plus tôt, l’influente ligue des jeunes du mouvement a, pour sa part, “exigé” la démission de chef de l’État de la présidence de la République et “l’expulsion à tout jamais” de son épouse.
Samedi, le pays a connu l’une des plus grandes manifestations jamais organisées depuis son indépendance en 1980 pour réclamer le départ du plus vieux dirigeant du monde encore en exercice.
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Robert Mugabe doit encore s’entretenir dimanche avec les militaires aux commandes du pays, qui tentent de lui arracher une reddition en douceur.
L’armée est intervenue dans la nuit de mardi à mercredi après la destitution le 6 novembre du vice-président Emmerson Mnangagwa, ennemi juré de la Première dame. C’est la perspective de laisser Grace Mugabe prendre la place de favorite à la succession de son mari qui a déclenché l’action des militaires.
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Le Zimbabwe est en proie à une crise économique abyssale. Le pays manque cruellement de liquidités, obligeant les citoyens à faire la queue pendant de longues heures devant les banques, et affiche un taux de chômage d’environ 90 %.
Avec AFP
Première publication : 19/11/2017