Article de ce 22 mars dans la « Tribune de Genève » l’un des principaux médias Suisse . Sur l’arrestation d’Idamange, l’un des manifestants évoque « la goutte d’eau qui fait déborder le vase. »
« La grogne monte au Rwanda. Mais c’est à l’extérieur du pays qu’elle s’exprime. La diaspora présente en Europe, aux États-Unis et en Australie s’est mobilisée ce week-end pour exiger de la communauté internationale qu’elle arrête de fermer les yeux sur ce qui se passe à Kigali. «Le Rwanda est une dictature très féroce où l’on n’a pas le droit de dire ce qu’on pense», dénonce Jean-Luc Rugamba, à la tête du rassemblement organisé samedi place des Nations par Action citoyenne pour la paix (ACP). Un cap a semble-t-il été franchi avec l’arrestation le 21 janvier dernier d’Yvonne Idamange Iryamugwiza, 42 ans, une rescapée du génocide mère de quatre enfants. Son crime? Avoir publié sur YouTube des vidéos où elle critique la gestion de la pandémie de Covid-19.
Depuis mars 2020, les Rwandais ont subi plusieurs périodes de confinement très strict alors qu’aucun système d’assurance chômage n’existe. «Au départ, elle voulait parler de la détresse des gens qui étaient obligés de rester chez eux sans rien à manger ou contraints de sortir masqués alors qu’ils n’ont pas les moyens de se payer un masque», explique Jean-Luc Rugamba. Après avoir appelé à l’unité des Rwandais pour exiger des concessions du gouvernement, Yvonne Idamange Iryamugwiza a également dénoncé le manque de considération accordé aux victimes du génocide. Évoquer ce tabou a fini par lui attirer les foudres du régime qui l’accuse aujourd’hui «d’incitation au désordre public» et même de négation du génocide alors qu’elle est elle-même une victime de cette tragédie. Son placement en détention est en train de susciter une émotion inédite dans le pays et parmi la diaspora. Peut-être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. »
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