Alors que dans d’autres pays comme en Belgique, les autorités prennent des mesures exceptionnelles pour réduire au maximum la population carcérale afin de lutter contre le COVID, au Rwanda, le nombre de détenus dans les cachots ne fait qu’exploser.
-Ce matin la police a présenté à la presse quarante personnes menottées et arrêtées rien que sur la journée d’hier à Kigali pour avoir essentiellement « effectué des trajets non essentiels »
– Hier, c’est un autre groupe d’au moins 5 personnes menottées qui a été présenté à la presse. Ces personnes ont été arrêtées selon la police pour avoir « mal utilisées » les numéros verts d’urgence notamment celui mis en place par les autorités pour le Covid.
Les personnes arrêtées sont détenues dans différents cachots surpeuplés de Kigali dans des conditions d’hygiène déplorables (pas d’accès aux douches, pas de soins médicaux, présence de poux, de moustiques 🦟 , de tiques… ). Dans certaines cellules elles sont jusqu’à 160 sur une petite poignée de mètres carrés où elles dorment « les unes sur les autres » beaucoup étant contraints de passer les nuits debout faute de place pour s’allonger.
La chose la plus urgente que les personnes réclament est d’être libérées, et comparaître libres afin de cesser d’ être exposées au COVID.
Le paradoxe étant que ces personnes sont arrêtées pour avoir violé les mesures de confinement, alors que leurs conditions de détention les exposent plus que jamais au COVID.
Ailleurs dans le pays des témoignages évoquent des personnes arrêtées « même pour des courses essentielles » et détenues dans des stades où elles ont été conduites dans des « pick up surpeuplés ».
L’un des témoignages parvenus à Human rights watch relate ceci « Nous étions environ 100 quand je suis arrivé, mais toutes les 30 minutes, ils amenaient de nouvelles personnes », a expliqué un habitant qui a été détenu dans le stade d’Umuganda à Gisenyi début avril. « J’y ai passé huit heures – il y avait quelques femmes avec des jeunes enfants, qui pleuraient… Nous n’avons pas reçu d’eau ou de nourriture… Certains ont été gardés là jusqu’à 21 h et ont dû repartir à la maison à pied après. » Human Rights Watch a reçu des récits crédibles indiquant que des personnes accusées d’avoir enfreint les règles de confinement à Kigali ont aussi été détenues dans des stades.
Il est difficile de savoir le nombre de personnes concernées. Mais rien qu’à Kigali sur les deux derniers jours, les autorités évoquent elles mêmes au moins 45 personnes arrêtées et qui ont été présentées à la presse.
La constitution rwandaise prévoit qu’aucun citoyen ne peut être arbitrairement privé de sa liberté sans base légale.
Human rights watch a écrit au ministre de la justice pour lui demander sur quelle base légale des personnes étaient emprisonnées pour avoir « violé les mesures de confinement » sans obtenir de réponse.
Première photo : Cyuma Hassan Dieudonne, l’un des rares journalistes qui tendait son micro à la population. Il figure parmi la dizaine de journalistes et blogueurs actuellement emprisonnés pour « non respect des mesures de confinement »
Photos 2,3 et 4 : 40 citoyens présentés menottés ce vendredi 24/04 à la presse et qui ont été arrêtés pour avoir « effectué des trajets non essentiels »
Photos 5 : les 5 citoyens présentés par la police rwandaise le 23 avril, arrêtés et menottés pour avoir fait « un mauvaise usage des lignes d’urgence dont celle du COVID (…) alors que depuis un certain moment, la police demande aux citoyens de ne pas utiliser ces lignes quand ce n’est pas nécessaire »
Photo 6 : Punition collective de citoyens au stade de Rubavu