Le président Paul Kagame a appelé à des efforts collectifs des dirigeants régionaux pour mettre fin aux défis sécuritaires en République démocratique du Congo, principalement associés aux milices armées basées dans le pays.
Le président a tenu ces propos au Parlement lors de la cérémonie d’assermentation des nouveaux ministres le mardi 8 février 2022.
Kagame a pointé du doigt les Forces démocratiques alliées (ADF), parmi les milices armées qui continuent d’agir en toute impunité et visent à déstabiliser la région, y compris le Rwanda.
Originaires d’Ouganda, les ADF ont jusqu’à présent fait des centaines de morts et pillé des biens.
Tout récemment, plusieurs terroristes ADF ont été arrêtés à Kigali alors qu’ils complotaient pour lancer des attaques au Rwanda en représailles à leur soutien pour anéantir les terroristes au Mozambique.
Les forces rwandaises et mozambicaines travaillent conjointement pour débusquer les groupes terroristes liés aux ADF à Cabo Delgado.
“Notre objectif principal est donc le problème en RD Congo”, a ajouté Kagame, “il existe déjà un lien entre les ADF, les FDLR et plusieurs autres groupes terroristes armés”.
Les FDLR sont une milice qui a été formée par les restes des forces génocidaires après avoir fui le Rwanda en 1994.
Il a déclaré que le Rwanda était prêt à jouer son rôle dans la résolution des problèmes de sécurité émanant du pays voisin.
“Nous envisageons plusieurs mécanismes, y compris les négociations, il y a des moments où nous plaidons, il y a des moments où nous demandons, mais si besoin est, il y a des cas où nous ne faisons ni l’un ni l’autre et agissons plutôt en conséquence.”
Le président a déclaré qu’actuellement, les dirigeants se sont réunis pour négocier un terrain d’entente, mais si la question s’avérait être une menace pour le Rwanda, « nous sommes prêts à intervenir et à défendre notre territoire. Notre principale priorité qui est la sécurité des Rwandais.
Le chef de l’Etat a également pesé sur les liens du Rwanda avec les pays voisins, qui, selon lui, sont sur une trajectoire prometteuse.
Ouganda
Commentant la récente décision de rouvrir la frontière de Gatuna , Kagame a déclaré que cette décision avait été retardée par le fait que certains problèmes en suspens qui avaient conduit à sa fermeture il y a trois ans étaient restés longtemps sans solution.
Le président a souligné que le Rwanda n’a pas fermé la frontière spontanément, mais l’a fait en raison de graves préoccupations qu’ils avaient et qu’ils ont présentées à leurs homologues mais n’ont pas réagi.
Les questions soulevées avec l’Ouganda incluent la persécution de Rwandais innocents en Ouganda par les services de sécurité et le soutien aux éléments visant à déstabiliser le Rwanda.
Kagame a révélé que lors d’une réunion avec un envoyé de l’Ouganda , des engagements ont été pris pour résoudre les problèmes affectant les relations entre les deux pays.
“J’ai soutenu que l’ouverture de la frontière serait une bonne chose, mais le faire sans aborder la raison pour laquelle elle a été fermée serait une erreur. Nous avons convenu que les raisons de la fermeture seront traitées. La frontière a été rouverte et l’Ouganda a pris des mesures pour résoudre les problèmes », a déclaré le président.
La décision de rouvrir la frontière a été précédée d’une réunion entre le conseiller présidentiel principal ougandais pour les opérations spéciales, le général de corps d’armée Muhoozi Kainerugaba et le président Kagame à Kigali.
“Nous continuerons à suivre les progrès et travaillerons ensemble pour ouvrir complètement la frontière lorsque la situation de Covid-19 nous le permettra”, a ajouté Kagame.
Burundi
Avec le Burundi, Kagame a déclaré que les liens qui ont été difficiles au cours des cinq dernières années pourraient revenir à la normale
Il a souligné qu’il s’agissait toujours d’un travail en cours et que les deux parties s’engageaient à le mener à bien.
“Les problèmes de sécurité, en particulier dans la forêt de Kibira, seront traités et ceux qui ont menacé notre sécurité en utilisant cette forêt en subiront les conséquences.”
La forêt de Kibira, coincée entre les deux pays dans la partie sud-ouest du Rwanda, a déjà été utilisée par des milices pour lancer des attaques au Rwanda.
Déploiement du Rwanda au Mozambique et en RCA
Les troupes rwandaises et mozambicaines ont jusqu’à présent rétabli la paix et la stabilité dans 80% de la province de Cabo Delgado, a déclaré Kagame.
La région avait été ravagée par des groupes terroristes liés à l’Etat islamique, Les forces conjointes, a-t-il ajouté, nettoient maintenant les poches ennemies et établissent un modèle de renforcement des capacités pour les forces mozambicaines.
Le chef de l’Etat a également évoqué le déploiement du Rwanda en République centrafricaine.
Il a déclaré que le Rwanda avait initialement déployé des troupes dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU, mais qu’il a ensuite envoyé une force supplémentaire dans le cadre d’un accord bilatéral entre le gouvernement et ses homologues centrafricains.
« Les règles d’engagement et le mandat sont différents. L’ONU, c’est le maintien de la paix, mais que gardez-vous quand il n’y a pas de paix ? » se demanda-t-il.
Il a déclaré que les deux missions en RCA et au Mozambique pourraient « prendre plus de temps », en raison de la formation attendue des forces locales.
Guylain SHEMA
