Rwanda – Francine Umubyeyi (CNRD): » L’option militaire nous est imposée par Paul Kagame »

Le Conseil national pour le Renouveau et la Démocratie (CNRD-FLN) est un parti d’opposition politique rwandais créé en exil. Formé le 31 mai 2016 par des membres de la communauté des réfugiés rwandais en République démocratique du Congo (RDC) dans le but d’organiser un retour au Rwanda dans la paix et la dignité, le parti a vu le jour suite à une scission au sein des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Il a été dirigé à sa création par le lieutenant-général Wilson Irategeka.

En décembre 2016, le CNRD et le Parti pour la Démocratie au Rwanda (PDR-Ihumure) de Paul Rusesabagina ont créé conjointement le Mouvement rwandais pour le Changement démocratique (MRCD-Ubumwe), une plateforme politique d’opposition. En 2018, le MRCD intégrait en son sein le Rwandan Revolution Movement (RRM) du major Callixte « Sankara » Nsabimana. Enfin, en juin 2019, cette plateforme a accueilli son 4e membre, le Rwandan Dream Initiative (RDI), de l’ancien premier ministre Faustin Twagiramungu.

La plateforme MRCD a décidé de mener une lutte politique mais aussi armée. C’est ainsi qu’à partir de juin 2018 sa branche armée, les Forces de Liberation Nationale (FLN), a revendiqué des attaques dans le sud du Rwanda et s’est retranchée dans la forêt de Nyungwe où elle est installée depuis maintenant près de 2 ans.

A partir de novembre 2019, les Forces spéciales de l’armée rwandaise infiltrées en RDC, en collaboration avec les Forces Armées de la RDC (FARDC), ont mené une opération d’envergure dans la localité de Kalehe au Sud-Kivu. Ces opérations visant à détruire un camp de réfugiés où vivaient plusieurs milliers de réfugiés rwandais ont également eu pour conséquence de mettre à mal les forces du CNRD qui sécurisaient ce camp de réfugiés. Plus d’un milliers de combattants et leurs dépendants ont été rapatriés de force au Rwanda.

Depuis avril 2020, le CNRD a pris un nouveau tournant en se choisissant une nouvelle présidente en la personne de Francine Umubyeyi et avec l’annonce de son départ de la plateforme MRCD. Jambonews a eu l’occasion de s’entretenir avec la nouvelle présidente au cours d’une interview qui a permis de parcourir la vision et les objectifs du CNRD, la personnalité de ce nouveau visage de l’opposition, mais également quelques sujets d’actualité.

Jambonews : Pouvez-vous vous présenter ? 

Francine Umubyeyi : Je m’appelle Francine Umubyeyi, 39 ans, mariée, et j’habite sur le continent américain.

Je suis originaire de l’actuelle province du Sud au Rwanda. J’exerce actuellement la fonction de présidente ad-interim du Conseil National pour le Renouveau et la Démocratie – Forces de Libération Nationale (CNRD-FLN).

Vous êtes donc la nouvelle présidente a.i. du CNRD-FLN, et avant vous, ce poste était occupé par Wilson Irategeka. Dans quel contexte s’est déroulé la passation de pouvoir ? 

Depuis l’intensification des attaques de l’ennemi à Kalehe, notre président Wilson Irategeka s’est retrouvé empêché pour d’autres fonctions. Et c’est à la mi-avril de cette année que le Conseil Exécutif du CNRD-FLN a décidé de choisir un cadre qui assure l’intérim de la présidence du parti et en même temps de la coalition MRCD-Ubumwe (Mouvement Rwandais pour le Changement Démocratique). C’est dans ce contexte que j’ai été élue présidente a.i. du CNRD-FLN, et de facto la présidente du MRCD-Ubumwe.

Quand et pourquoi avez-vous rejoint les CNRD-FLN et Quelles fonctions avez-vous occupées au sein du CNRD-FLN ? 

J’ai rejoint le CNRD-FLN depuis le début mais en tant que simple militante. Par la suite, à partir de l’année dernière, j’ai été nommée Commissaire adjointe chargée des Affaires politiques et de la diplomatie, et j’ai intégré également les organes de la coalition MRCD en tant que Commissaire adjointe dans la commission des Relations extérieures et de la diplomatie.

La raison majeure qui m’a motivée à rejoindre le CNRD-FLN c’est surtout l’idéal de participer à la libération du Rwanda. J’ai fait la comparaison des lignes idéologiques de différentes mouvances politiques de l’opposition et j’ai été séduite par la vision moderne, et révolutionnaire du CNRD. Par ailleurs, je me suis facilement retrouvée dans leurs idées puisqu’ils sont majoritairement jeunes.

« Nous déclinons toute responsabilité sur les conséquences de l’option militaire qui nous est imposée par le mépris et le jusqu’auboutisme de Paul Kagame. «

Fracine Umubyeyi

Pourquoi avoir souhaité reprendre la fonction de Présidente de votre parti, que souhaitez-vous apporter de nouveau à votre parti ?

J’ai été choisie par l’organe compétent du CNRD-FLN. J’ai une intime conviction, et cette conviction ressemble à l’idée maîtresse qui a poussé à l’action les pères fondateurs du CNRD-FLN : le peuple rwandais doit être libéré du joug de cette dictature brutale du FPR-Inkotanyi. Je ne pouvais donc hésiter un seul instant lorsque les instances suprêmes du parti m’ont demandé de reprendre le flambeau. Je suis jeune et animée d’un esprit hautement patriotique, je suis travailleuse et optimiste. Je compte rassembler mes camarades du CNRD-FLN au tour des mêmes idéaux afin que le parti puisse relever les cruciaux défis qu’il s’est fixé à savoir mobiliser l’ensemble du peuple rwandais meurtri en vue de sa libération.

Le CNRD-FLN continuera-t-il à mener une lutte armée ?

Aussi longtemps que Paul Kagame et son groupe continueront à refuser tout dialogue avec l’opposition, aussi longtemps que durera au Rwanda le déni de justice et de vérité, aussi longtemps que la clique au pouvoir persistera dans son jusqu’auboutisme et sa brutalité, aussi longtemps que le dictateur s’entêtera à ne raisonner qu’en termes de rapports de force préférant à la raison la force des armes et le meurtre comme méthode d’Etat, eh bien le CNRD-FLN continuera la lutte armée. Nous déclinons toute responsabilité sur les conséquences de l’option militaire qui nous est imposée par le mépris et le jusqu’auboutisme de Paul Kagame.

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Quelles sont vos revendications, êtes-vous prête à entamer un dialogue avec le gouvernement rwandais afin de trouver une issue pacifique au conflit ?

Nous revendiquons la démocratie, une démocratie véritable. C’est à dire un pouvoir issu du peuple et qui est au service des intérêts du peuple dans toutes ses composantes. En effet, les maux qui assaillent le peuple rwandais, à savoir le mensonge, l’injustice, la violence et l’oppression, ne devraient pas avoir droit de cité dans une démocratie. Les lois liberticides et assassines doivent être abrogées, cette soldatesque qui fait la pluie et le beau temps sur les collines doit définitivement laisser place à des instances citoyennes apaisées et responsables. Le CNRD-FLN reste disposé à accepter le dialogue, à condition que ledit dialogue soit inclusif, franc et crédible.

«Le droit international reconnaît à un peuple opprimé le libre choix de revendiquer ses droits, y compris par la lutte armée.»

Francine Umubyeyi

Sous quelles conditions le CNRD-FLN accepterait-il de déposer les armes ?  

Vous savez, il est aussi difficile de décider de déposer les armes que de décider de les prendre ! Et le droit international reconnaît à un peuple opprimé le libre choix de revendiquer ses droits, y compris par la lutte armée. C’est le principe de légitimité de la violence en droit international. Notre parti, le CNRD-FLN lutte pour un idéal précis : le renouveau et la démocratie au Rwanda. Si cet idéal arrivait à être une réalité effective au pays des mille collines, alors nous pourrions déposer les armes. Autrement, nous continuerons à lutter.

La problématique des réfugiés rwandais en République démocratique du Congo semble être une équation insoluble. Le problème persiste depuis plus de 25 ans. Quelles sont les propositions et les initiatives du CNRD-FLN pour remédier à la situation ?    

Tout individu en proie à la persécution, comme tout groupe d’individus persécutés peut se réfugier à l’étranger. La Convention de Genève du 28 juillet 1951 régissant le statut de réfugié est claire à ce sujet. Des millions de Rwandais ont trouvé refuge dans les pays limitrophes et beaucoup plus loin depuis l’été 1994 alors que les tortionnaires du FPR-Inkotanyi, qui venaient de prendre le contrôle de l’ensemble du territoire rwandais, ont commencé une impitoyable chasse à l’homme. Aujourd’hui, le Rwanda compte les plus anciens réfugiés en Afrique. Curieusement, cette situation ne gêne nullement le pouvoir en place à Kigali qui continue de vilipender ces réfugiés et qui envoie des unités d’attaque pour procéder à leur massacre. Ce qui est arrivé aux réfugiés rwandais à Kalehe en début novembre 2019 est révélateur : Kagame a mobilisé de l’artillerie lourde et des avions de combat pour massacrer les réfugiés . Le CNRD-FLN continuera à opposer au gouvernement rwandais les normes protectrices internationales que le gouvernement a lui-même ratifiées sans réserves. Si Kigali persiste à refuser un rapatriement dans la dignité, le CNRD-FLN continuera à mobiliser les réfugiés rwandais afin de faire pression sur Kigali qui doit accepter le retour des réfugiés rwandais dans le respect, la dignité et la sécurité.

Le CNRD est régulièrement qualifié de « mouvement rebelle Hutu » dans les médias. Vous définissez-vous également comme un parti politique représentant les Hutu ? 

« Régulièrement », je ne crois pas. C’est d’ailleurs la première fois que j’entends cette affirmation. Nous sommes une famille politique qui rassemble au-delà du seul groupe ethnique Hutu. Car il n’y a pas que les Hutu qui subissent l’injustice, l’oppression et la violence au Rwanda. Ce genre de stéréotype est donc incorrect s’agissant de qualifier le CNRD-FLN. Nous comptons des Tutsi dans les rangs des FLN et dans notre personnel politique.

À côté de l’ethnisme, le régionalisme était également un facteur de division de la population rwandaise avant 1994, la société se divisant entre Kiga (nord du pays) et Nduga (sud du pays). Cette division a continué à faire parler par la suite. Certains disent qu’elle était notamment à la base de la séparation entre FDLR et CNRD. Est-ce que ce problème est encore présent au sein de la population rwandaise, que ce soit à l’intérieur du pays ou en exil ?

A la naissance du CNDR-FLN, l’échiquier de cadres tant civils que militaires représentait l’ensemble de la constellation nationale. Aujourd’hui je peux vous révéler que le chef d’état-major général des FLN et vice-président du CNRD-FLN est ressortissant de l’actuelle province du Nord, ce qu’on pourrait définir de Kiga, et que le Commandant des opérations est ressortissant de la province de l’Ouest, soit Nduga. En vérité, de par la brutalité de ses méthodes et sa démarche globalisante, le régime Kagame a, contre son gré, provoqué la communion des Rwandais toutes ethnies et régions confondues. Aujourd’hui, aussi bien les Hutu que les Tutsi, les nordistes (Kiga) et les sudistes (Nduga) subissent de la même manière l’injustice, la violence et la pression fiscale de la part du pouvoir sanguinaire de Kigali. N’eut été l’instrumentalisation des problèmes du Rwanda par ce même pouvoir, ces problèmes se seraient estompés depuis fort longtemps.

« Il est simplement déplorable que vers le début novembre 2019 les RDF, se déguisant sous couvert de l’uniforme des FARDC, soient intervenues pour massacrer indistinctement les réfugiés »

Francine Umubyeyi

Le 13 décembre 2019 dans un discours sur l’état de la Nation, le président de la RDC Felix Tshisekedi a annoncé que les FARDC avaient « détruit à plus de 95% les bases des “forces négatives” du CNRD avec un bilan de plus de 1712 capturés parmi lesquels 245 combattants et 10 leaders politiques ». Cette annonce était consécutive à une opération d’envergure menée par les FARDC contre le CNRD à Kalehe au mois de novembre 2019. Est-ce que le CNRD est encore implanté en RDC ?

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Cette déclaration du président Tschisekedi suggère au moins une prémisse erronée, à savoir que le site de Kalehe aurait abrité 100% des effectifs du CNRD-FLN. Ceci est faux : Kalehe abritait, tout juste, un camp de réfugiés civils rwandais où on trouvait, en plus, le bivouac temporaire du président du CNRD-FLN, le lieutenant-général Wilson Irategeka. Mais de là affirmer que le site de Kalehe abritait les effectifs militaires et les cadres civils du CNRD-FLN, c’est complètement erroné. Le CNRD-FLN a des bases à divers endroits du territoire rwandais. Il est simplement déplorable que vers le début novembre 2019 les RDF [Rwandan Defense Forces], se déguisant sous couvert de l’uniforme des FARDC, soient intervenues pour massacrer indistinctement les réfugiés : femmes, enfants et vieillards sans défense. Pour mémoire, la tragédie de réfugiés du camp de Nyamunyunyi fin 2019 restera dans les annales. En effet, l’un des principes sacrés du droit international des réfugiés est l’interdiction du rapatriement forcé. Or, fin décembre 2019, les réfugiés du camp de Nyamunyunyi au Sud Kivu (RDC) ont été déportés vers le camp de Nyarushishi à Cyangugu (Rwanda) avant d’ailleurs de subir une élection au terme de laquelle certains de ces survivants aux massacres de Kauzi et Nyamunyunyi ont été acheminés vers le camp de lavage de cerveau de Mutobo, et d’autres  vers le camp militaire de concentration et de torture de Kami. Beaucoup de jeunes garçons ont été  purement et simplement massacrés pour allégeance supposée au CNRD-FLN.

Cette question m’amène d’ailleurs à vous dire qu’aujourd’hui, le gros des effectifs du CNRD-FLN et de ses cadres militaires se trouve au Rwanda.

Le CNRD est régulièrement accusé d’entretenir des relations troubles avec le Burundi afin de déstabiliser le Rwanda. Quelles sont vos relations avec le Burundi ?

Cette affirmation relève de la diffamation. Ceux qui nous accusent de comploter avec le Burundi pour déstabiliser le Rwanda sont les mêmes qui saccagent la sous-région toute entière. Pouvez-vous me dire un seul pays frontalier du Rwanda qui entretient de bonnes relations avec lui ? Cette attitude du Rwanda d’accuser ses opposants de collaborer avec des pays limitrophes pour attenter à sa sécurité montre plutôt la préoccupation de Kigali qui est que tous les pays voisins auraient des raisons pour soutenir une opposition interne ou externe, tant le bellicisme et les actes de provocation de Kagame sont insupportables. Un pays qui se plait à provoquer et agresser continuellement ses voisins ne peut espérer rester durablement tranquille. Le CNRD-FLN, en tant que mouvement de libération nationale vise prioritairement à mobiliser la communauté rwandaise, interne et externe, pour asseoir sa lutte avant de tisser des relations avec les pays de la sous-région. Cependant, nous restons attentifs à la géopolitique dans la sous-région et, de ce point de vue, nous suivons avec intérêt l’actualité événementielle au Burundi et dans le reste de la sous-région.

Le CNRD avait entamé un dialogue avec la MONUSCO et des représentants de l’ONU afin de faciliter un retour vers le Rwanda. Où ces discussions en sont-elles ? 

Merci pour la question, mais au CNRD-FLN nous n’avons pas connaissance de telles tractations.

« Je salue actuellement l’engagement actif des femmes dans la politique rwandaise »

Francine Umubyeyi

L’opposition politique rwandaise est régulièrement pointé du doigt comme se composant trop majoritairement de personnes très âgées et d’hommes. Que dites-vous de cela ? 

Qu’il y ait des personnes âgées au sein de l’opposition rwandaise ne devrait, en soi, constituer un problème. Si vous me permettez une parabole, j’aimerais comparer la lutte pour le changement au Rwanda à une partie de chasse au lion. Vous savez, dans une équipe de chasse au lion, il faut des vieux chasseurs qui préparent le piège avec précision, mais il faut aussi des jeunes encore percutants et intrépides qui, une fois que le lion sera tombé dans le piège, vont s’approcher pour le frapper ou le suivre dans sa retraite s’il est blessé. Les vieux vont tendre des pièges, les jeunes vont frapper et suivre la bête féroce jusqu’à la capturer et la ramener aux seniors. Notre lutte se doit d’être intergénérationnelle. La difficulté arrive lorsque les jeunes entravent le travail des vieux, ou que les vieux entravent le travail des jeunes. Je salue actuellement l’engagement actif des femmes dans la politique rwandaise dont notamment Chantal Mutega, Marie Claire Ingabire, Nadine Claire Kasinge, Ingabire Victoire, Diane Rwigara, et d’autres. Je m’engage à mobiliser les jeunes gens et les femmes pour qu’ils reprennent le flambeau de la lutte que nous menons.

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Au sein d’une plateforme telle que celle du MRCD, pensiez-vous que vous puissiez être en mesure d’avoir votre place au milieu de poids lourds de la politique rwandaise tel que l’ancien Premier ministre, Faustin Twagiramungu, ou le très célèbre Paul Rusesabagina ? 

Une « plateforme », en tant que regroupement d’acteurs politiques désireux de conjuguer leurs efforts pour atteindre des objectifs communs, ne peut avoir de sens que si les différents membres traitent d’égal à égal. Le CNRD est initiateur de la plateforme MRCD en 2016 et, de ce point de vue, tous ceux qui ont épousé l’idée de ce regroupement politique sont égaux. Nous n’avons donc aucun complexe envers qui que ce soit.

Paul Rusesabagina et Faustin Twagiramungu

D’ailleurs, en date du 10 juin 2020, la coalition MRCD a déclaré que vous vous êtes retiré de la coalition. Pourriez-vous nous éclairer sur votre retrait ?

Vous faites certainement référence à la lettre qui m’a été transmise par les trois vice-présidents Faustin Twagiramungu, Paul Rusesabagina et Kassim Butoyi (Kabuto). Vous pourriez peut-être leur poser la question eux-mêmes : y-a-t-il un document quelconque que le CNRD-FLN leur aurait adressé pour signifier qu’il se retire de la coalition ? Si pour fonder la coalition nous avons signé tout un tas de documents, comment pouvons-nous quitter valablement la plateforme sans un écrit quelconque ? La seule et unique allégation par lesdits signataires de la fameuse lettre du 10 juin est que le CNRD « s’occupe seul des domaines exclusivement réservés à la coalition « . Si depuis plusieurs mois la coalition ne faisait plus rien du tout dans lesdits domaines de collaboration, le CNRD devrait-il être sanctionné du fait de tenter d’assumer seul ses responsabilités en faisant vivre le projet de libération des Rwandais ? Il serait intéressant que vous posiez la question à nos partenaires eux-mêmes.

Êtes-vous ouvert à de nouvelles collaborations, alliances et partenariats avec d’autres acteurs de la vie politique rwandaise ?

Absolument. Ce n’est pas parce qu’une alliance peut tourner mal que nous ne saurions en envisager d’autres. Au contraire. Nous en appelons à toutes les bonnes volontés et les énergies positives afin de constituer, dans une vision qui va bien au-delà de l’esprit partisan, un front unique gigantesque qui va porter à tour de bras la lutte en vue du changement au Rwanda.

« Les FDLR sont parties prenantes de la cause nationale et, de ce point de vue, sont nos compagnons sur le chemin menant à la libération du peuple rwandais. »

Francine Umubyeyi

Du 23 au 24 mai 2020, une Conférence internationale réunissant les organisations de la société civile et les organisations politiques rwandaises de l’opposition dans le but coordonner les actions a eu lieu. Le CNRD n’a pas fait partie de cette initiative. Pourquoi ? 

Le CNRD-FLN n’a pas reçu d’invitation. Les organisateurs de la conférence se sont excusés à ce sujet.

Lors de la création du CNRD, le schisme avec les FDLR a créé beaucoup de tensions allant jusqu’à l’affrontement armé. Quelles sont vos relations avec les FDLR aujourd’hui ? 

Vous savez, des frères d’armes peuvent ne plus s’entendre pour plusieurs raisons, y compris une situation de divergence d’opinion, d’agenda ou de stratégie. Mais les frères d’armes finissent toujours par se retrouver si et seulement si aucun parmi eux n’en arrive à trahir. Les FDLR sont parties prenantes de la cause nationale et, de ce point de vue, sont nos compagnons sur le chemin menant à la libération du peuple rwandais.

Plusieurs organisations politico-militaires telles que les FDLR, une organisation anciennement nommée RUD-Urunana, FIAR et d’autres sont actives en RDC et partagent les mêmes objectifs que le CNRD. Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui les conditions sont réunies pour une réunification ?

La réunification est un processus qui suit un certain nombre de conditions et, certainement, peut prendre du temps. L’essentiel à ce stade, c’est que tous les acteurs regardent dans la même direction. Puisque tel est le cas, la réunification se fera facilement.

« Que tous les Rwandais soucieux d’un meilleur avenir se tiennent prêts à apporter leur contribution en vue du changement »

Francine Umubyeyi

Quel message souhaitez-vous donner aux Rwandais ?

Qu’ils ne croient pas, un seul instant, que le drame vécu actuellement est une fatalité, non plus que Kagame et son système puissent régner éternellement sur notre beau pays le Rwanda. Le CNRD-FLN a conçu un projet mûrement réfléchi, réaliste et réalisable. Que tous les Rwandais soucieux d’un meilleur avenir se tiennent prêts à apporter leur contribution en vue du changement qui, je vous assure, est déjà à portée de main. Au sein du CNRD-FLN, nous  sommes tous engagés jusqu’au sacrifice suprême pour y arriver. Puisse le sang de nos nombreux martyrs déjà tombés sur le champ d’honneur purifier le Rwanda !

Propos receuillis par Emmanuel Hakuzwimana

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