RDC : La première visite du couple royal de la Belgique n’a pas servi d’une « cause aux questions sur la mémoire coloniale ».

Analyse de Didier Amani SANGARA NTALE

Le couple royal de la Belgique s’est rendu en République démocratique du Congo le 07 juin 2022 et a été accueilli par le président Félix TSHISEKEDI et son épouse Denise NYAKERU. Dans cette première visite dans son ancienne colonie, le roi Philippe n’a pas cherché à s’interroger sur « l’héritage colonial du Congo ». 

La visite étant intervenue dans un contexte diplomatique tendu entre la RDC et le Rwanda, les Congolais ont pensé que les propos du roi pourraient conduire à ce qui suit :

  • Eclairer la question des frontières entre la RDC et les pays voisins pour stopper la guerre d’occupation menée par le trio [Rwanda, Ouganda, Burundi] ;
  • Parler de la restitution du « Portefeuille de l’Etat colonial qui a été évalué à 35 milliards de FB (valeur boursière) à la veille de l’indépendance » et du « contrôle de grandes entreprises dont la Belgique disposait d’une représentation majoritaire » qu’on a privé le Congo jusqu’aujourd’hui ;
  • Assumer qu’il y a eu un « Génocide au Congo lors de la colonisation ». La colonisation au Congo a fait de nombreuses victimes [10 millions de morts sans célébration] à cause des « guerres de conquête, le travail forcé, les tortures, les expéditions punitives, les viols, les famines, la population était en proie à la maladie, aux tueries et à l’esclavage ». Un passé colonial basé sur l’exploitation et la domination, celui d’une relation inégale, en soi injustifiable marquée par le paternalisme, les discriminations et les racismes.

Un prêt à long terme pour une nouvelle ère de collaboration

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« KAKUUNGU », masque donné par le roi Philippe « comme un prêt à long terme … ». Ce masque qui a été utilisé pendant les danses d’initiation au moment des circoncisions de jeunes, comme explique Guido Gysel, Directeur général de l’Afrique Museum-Tervueren fait l’objet d’une « restauration patiente » et d’une « conservation à long terme au Musée national du Congo » dans un geste symbolique qui enclenche « une nouvelle ère de collaboration ».

Félix Antoine TSHILOMBO a accepté de fermer les yeux sur les questions de « mémoire du colonialisme », et il l’a fait en se vendant à une foule de grandes puissances (dont la métropole) et en prouvant qu’il est un « bon lutin qui ne peut pas décevoir (ne pas être comme les autres et l’assumer) ». Cela légitime durablement son pouvoir qu’on a toujours critiqué, et dont Martin FAYULU se réclame comme le président élu par le peuple Congolais.

Ainsi, il est à noter que le couple royal de Belgique sera le chef d’orchestre des élections de 2023. C’est-à-dire que le roi Philippe réajuste une fois de plus le paradigme et transmet le dogme essentiel : « Le leadership politique congolais n’est légitime que s’il a reçu l’onction belgo-américaine » et le « droit moral qu’a la Belgique à l’égard du Congo ».  

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