QUI A TUÉ LES PÈRES CLAUDE SIMARD ET GUY PINARD

L’ÉMISSION ENQUÊTE DE LA SRC a finalement rendu compte le 31 octobre 2019 des crimes commis contre les ressortissants rwandais à l’extérieur du pays et des activités d’espionnage sur le territoire canadien. Bravo.

L’heure est venue pour ENQUÊTE d’enquêter sur les assassinats des prêtres québécois Claude Simard et Guy Pinard, tués par les même criminels le 18 octobre 1994 et le 2 février 1997. Eux aussi se plaignaient des tueries faites par le régime de Paul Kagame et du FPR. Voici une fiche d’information sur les deux martyrs.

CLAUDE SIMARD, 1933-1994

Claude Simard, né à Roberval, membre de l’ordre de Sainte-Croix, a été assassiné dans la nuit du 17 au 18 octobre 1994 à Ruyenzi, dans le sud du Rwanda. L’assassinat à coups de marteau du père Claude Simard par des tueurs du FPR est bien documenté par le cinéaste Yvan Patry qui en a parlé dans un reportage à l’émission Le match de la vie du réseau TVA, dans le film Chronique d’un génocide annoncé et dans un article de La Presse du 16 novembre 1996 . Yvan Patry montre que des tueurs du Front patriotique rwandais ont tué le père Simard à coups de marteau alors qu’il s’était rendu à Kigali pour se plaindre des disparitions et des assassinats dans sa commune. Le père Simard s’est plaint auprès de Seth Sendashonga, ministre de l’Intérieur du gouvernement du FPR, assassiné lui aussi par un commando à Nairobi, le 16 mai 1998.

Après l’assassinat du père Simard, le gouvernement du FPR a accusé des miliciens hutus de l’ancien régime d’avoir perpétré le crime. Yvan Patry déclare : « Quant aux enquêteurs nommés par le Front patriotique rwandais, ils ont passé deux jours à Ruyenzi. Puis on n’a plus entendu parler d’eux. »

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Le Canada n’a strictement rien fait, même si une enquête, réalisée par le capitaine canadien Tim Isberg des Forces de l’ONU au Rwanda, a établi que la décision de tuer le père Simard avait été prise à un niveau supérieur de l’administration du FPR. Tim Isberg, qui est encore dans les Forces armées canadiennes, a découvert le corps du père Simard en octobre 1994.

Tim Isberg a déjà témoigné devant le Comité des affaires internationales de la Chambre des Communes. Il a montré aussi que l’enquête officielle des autorités rwandaises n’a servi qu’à étouffer l’affaire. Aussi, le général Guy Tousignant, commandant des forces de l’ONU et remplaçant du général Dallaire, a indiqué dans un rapport envoyé à l’ONU dès la fin d’octobre 1994 que des agents du FPR étaient probablement responsables de cet assassinat.

Le 30 juin, 1995, la famille du père Claude Simard s’est plainte dans une lette au ministre des Affaires extérieurs, André Ouellet, de l’inaction du gouvernement canadien suite à l’assassinat. (voir la lettre). Cette lettre au ministre est restée sans réponse aucune!

Les mandats d’arrêt internationaux lancés par la Justice espagnole le 6 février dernier identifient les responsables de l’assassinat de Claude Simard ainsi que les motifs (pp. 61-62). Un parc à Roberval porte le nom du père Claude Simard.

GUY PINARD, 1935-1997

Guy Pinard, né à Shawinigan, missionnaire d’Afrique (père blanc), a été assassiné pendant qu’il célébrait l’Eucharistie à Kapanga dans le nordouest du Rwanda, le 2 février 1997. Son assassin était un ancien membre de l’armée du Front patriotique rwandais. Tous les paroissiens ont vu le meurtre et savent qui est l’assassin. Certains ont fourni des témoignages détaillés et seraient prêts à témoigner devant la Justice ou devant une commission d’enquête neutre. (Rwanda : crimes, mensonges et étouffement de la vérité, Philpot, pp. 65-78.)

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Le premier ministre du Canada, Jean Chrétien, et son ministre des Affaires extérieures, Lloyd Axworthy, ont déclaré que le Canada exigerait que toute la lumière soit faite sur les circonstances de l’assassinat. Or, malgré ses déclarations publiques, le Canada n’a strictement rien fait à ce sujet!

Le père Guy Pinard a été assassiné parce qu’il n’avait pas peur de dénoncer les nombreux massacres perpétrés par l’armée du Front patriotique rwandais dans le nord-ouest du Rwanda à la fin de 1996 et au début de 1997. De plus, à titre d’aumônier de la prison de Ruhengeri, il pouvait aussi témoigner du traitement inhumain réservé aux milliers de personnes entassées dans les prisons rwandaises.

Les mandats d’arrêt internationaux lancés par la Justice espagnole le 6 février identifient le responsable de l’assassinat de Guy Pinard. Il s’agit du lieutenant colonel Karenze Karake, qui a été nommé commandant adjoint de la Force de l’ONU et de l’Union africaine au Soudan. (pp. 108-109 de l’ordonnance espagnole). La responsabilité de dirigeants de l’actuel gouvernement rwandais dans l’assassinat de deux citoyens canadiens est claire. Toutefois, le Canada n’a jamais cessé d’envoyer des millions de dollars d’aide au Rwanda sans exiger que la lumière soit faite le meurtre de citoyen canadien.

Claude Pinard, député de Saint-Maurice (Parti Québécois) et ancien vice-président de l’Assemblée nationale du Québec, est le neveu de feu le père Pinard. La famille Pinard veut que la vérité sur l’assassinat de Guy Pinard soit connue.

Robin Philpot