Par Patrick Mbeko
La mort de l’ambassadeur italien (paix à son âme) à l’est de la République à démocratiser du Congo vient rappeler à quel point cette partie du pays est une poudrière, une vraie catastrophe. Ça fait près de 23 ans que ça dure. La mal nommée communauté internationale a fait comme si de rien n’était. Que des discours. La MONUC [puis la MONUSCO] n’a rien fait; le régime de Joseph Kabila non plus; et celui de Félix Tshisekedi, qui avait promis d’installer son QG dans la région, n’en parlons même pas.
Une partie de la République, notamment le Grand-Kivu, est prise en otage par des gens sans foi ni loi. À Kinshasa, on sabre le champagne au nom de l’Union sacrée. Plus encore, Félix Tshisekedi a choisi de renforcer ses relations avec le pays qui entretient la désolation et la mort à l’est du Congo. Avec son accord, les services de sécurité congolais sont aujourd’hui noyautés par la DMI (Department of Military Intelligence, le redoutable service de renseignement miliaire rwandais) au nom d’une coopération mutuelle qui ne profite qu’au Rwanda, se plaignent les quelques agents congolais qui refusent de trahir leur patrie.
À qui la faute ? Peut-on demander à Félix Tshisekedi de sortir l’est du Congo de la mainmise rwandaise ? NON. Son pouvoir est une émanation de tout sauf de la volonté populaire. On ne peut pas demander à celui qui joue le rôle de président de la République de la RDC d’aller à l’encontre des intérêts de ceux qui l’ont fait roi.
Ce qui m’inquiète au plus haut point depuis l’annonce de la mort de l’ambassadeur d’Italie, c’est la sécurité du docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018. Depuis plusieurs mois, sa vie est menacée. Son propre pays étant incapable d’assurer sa sécurité, ce sont les Casques bleus de la MONUSCO qui s’en charge. Mais rien n’est garanti dans ce coin problématique qu’est l’est du Congo.
L’assassinat de l’ambassadeur italien qui a été attaqué alors qu’il se trouvait dans un convoi des Nations Unies, constitue un précédent dangereux; d’autant plus que les amis de Félix Tshisekedi qui sont à Kigali n’ont pas encore renoncé à leur projet d’attenter à la vie du docteur Mukwege, lequel vit aujourd’hui reclus dans son hôpital à Panzi.
En outre, ces gens sont capables de tout, y compris simuler une attaque qu’ils pourraient attribuer à des groupuscules qu’ils manipulent, y compris les fameux rebelles ADF, devenus le faux nez dissimulant divers intérêts et stratagèmes méphistophéliques à l’est du Congo…