Des sources concordantes font état d’une invitation officielle par le gouvernement rwandais du Général Paul Kagame au Président français Emmanuel Macron, en vue de sa participation à la 25ème commémoration du génocide des Tutsis du Rwanda. Considérant les tenants et aboutissants d’une telle invitation et surtout le caractère éminemment politique de l’événement, je me sens le devoir, en tant que témoin privilégié du drame rwandais, de rédiger ces quelques lignes pour avertir sur les enjeux et les prolongements possibles d’une participation du Président Macron au 25ème anniversaire du génocide des Tutsis, afin que nul n’en ignore.
Un accord sur fond de désaccord
« Mieux vaut un désaccord ouvert qu’un accord sur fond de désaccord », nous recommande l’existentialiste Jankélévitch dans son ouvrage « Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien ». Depuis l’automne dernier, nous assistons à de véritables fiançailles entre l’Exécutif français et le Général dictateur Paul Kagame du Rwanda dont la haine, le mépris et le ressentiment envers la France, sa langue et sa culture, sont connus de tous. Depuis très longtemps, en effet, Kagame n’a jamais caché sa colère envers la France et il n’a jamais raté l’occasion pour cracher sur le pays du Général De Gaulle qui, en plus, a volé au secours des milliers de Rwandais assiégés par la mort en 1994. Lesdites fiançailles, émaillées de cadeaux hautement précieux, de part et d’autre, étonnent tant l’inimitié avait atteint des sommets. Ladite inimitié était due au travail de vérité entrepris depuis 1994 par la justice française et certains acteurs crédibles du monde politique et associatif. En effet, la France s’est intéressée de près à la question rwandaise en général à l’attentat contre l’avion qui transportait les présidents Habyarimana du Rwanda et Ntaryamira du Burundi le 06 avril 1994, surtout que l’équipage dudit avion était entièrement français. Etant donné que ledit attentat est unanimement considéré comme le détonateur du génocide des Tutsis du Rwanda, le Général Kagame n’a pas digéré d’être considéré comme commanditaire dudit attentat. C’est ainsi que la sortie du rapport Bruguière en automne 2006 avait provoqué l’ire du dictateur qui, illico presto, avait rompu les relations diplomatiques et interdit la langue française sur l’ensemble du territoire rwandais. Alors que depuis cette époque les relations entre les deux pays n’avaient jamais cessé d’être tendues, nous assistons à un brusque réchauffement de la relation bilatérale, accompagné de compromis pour le moins compromettants. Mais, qu’est-ce-que les deux protagonistes cachent dans cette valse en trompe-l’œil ? En vérité, et Macron et Kagame savent ce qu’ils cherchent et, faute d’un accord sur l’essentiel, préfèrent transitoirement s’en résoudre à un accord de façade, quitte à sacrifier, au passage l’incorruptible vérité historique.
L’incorruptible vérité historique
Dans cette farce monumentale que représente la subite réconciliation franco-rwandaise, nous aurons tout vu : un tintamarre de tractations politico-diplomatiques qui réduisent au silence les lois et les juges de France, un consensus international autour de Louise Mushikiwabo alors candidate à la tête de la Francophonie, alors qu’elle vient d’un pays qui a interdit la langue française et rasé le Centre culturel français à Kigali, un classement sans suite du dossier de l’assassinat de Habyarimana qui tombe à pic la veille de Noël un peu comme un cadeau du Père-Noël etc. Mais quelle peine perdue que de tenter de sacrifier la vérité historique par un non-lieu judiciaire ! C’est de la vérité historique que dépend la vérité judiciaire et non l’inverse. En aucun cas, ce vrai-faux non-lieu ne remet en cause que depuis 20 ans ce sont les anciens de Kagame qui témoignent à sa charge tout comme il ne faut remettre en cause d’autres preuves historiques tel le rapport Bruguière et autres. S’agissant de délires mensongers de tel ou tel ancien militaire français corrompu qui verse dans l’autoflagellation en accusant Turquoise, ainsi que de la fausse Note déclassifiée de la DGSE qui fait diversion, laissons libre cours au travail des historiens. Mais en tant que survivant habité par l’histoire dramatique de mon peuple, je me pose tout de même une question brûlante : en acceptant les yeux ferlés le baiser du diable, qu’est-ce-que le Président Macron fait de l’honneur de la France et des millions de vies humaines tombées sous les bottes de Kagame ? Que fait-il du Rapport Mapping de l’ONU, sorti le 01/10/2010, qui avance le terme de « génocide » parlant de la qualification possible des massacres commis par l’armée de Kagame sur les réfugiés Hutus en RDC ? Sur ces massacres et ceux commis au Rwanda, une masse documentaire existe dorénavant, parmi lesquels le livre « In praise of blood » de la journaliste d’investigation Judi Rever qui a dressé une cartographie fiable des sites de massacres commis par l’armée de Kagame. Dois-je rappeler que suite au conflit dans les Balkans, le massacre des 8 mille bosniaques à Srebrenica en juillet 1995 a justifié la création du Tribunal Pénal International pour l’Ex-Yougoslavie, qui a condamné pour génocide Slobodan Milosevic et son groupe ? En flirtant avec le dictateur sanguinaire Kagame, qu’est-ce-que le Président Macron fait de ses victimes françaises ? Et finalement, que fait-il du peuple rwandais tout entier, puisque le Rwanda risque désormais de replonger dans la violence ?
Les symptômes d’une rechute imminente
Le Général Kagame a créé et ne cesse d’entretenir, voici déjà 25 ans, un régime autocratique et fasciste, un autre apartheid qui refuse son nom. A lui seul, il contrôle toutes les sphères de la gouvernance, associant à son pouvoir des marionnettes qui lui obéissent au doigt et à l’oeil. L’abolition de la peine de mort du Code pénal rwandais en 2007 n’était qu’une feinte, puisque Kagame a un droit de vie et de mort sur les Rwandais. Cependant, de plus en plus de Rwandais ne supportent plus d’être considérés comme des citoyens de second rang. Des craintes légitimes persistent quant au risque d’explosion de la violence ethnique, dans un contexte où les Rwandais d’origine hutue survivent dans le mépris et l’écrasement total. De hauts cadres civils et militaires, toutes ethnies confondues, fuient régulièrement le régime et deviennent une sérieuse menace pour l’équilibre déjà artificielle de la société rwandaise. Face à cette menace sans cesse croissante, Kagame s’enfonce dans l’obsession sécuritaire et la démesure. Aujourd’hui, tous les jeunes du Rwanda subissent un conditionnement physique couplé d’une socialisation guerrière, dans les camps appelés “ingando”, véritables centre de lavage de cerveau. Ces jeunes scolarisés mais désœuvrés, qui subissent un processus de robotisation, sont une bombe à retardement. Les multiples guerres menées, principalement en RDC au cours des années passées, nécessitaient un enrôlement massif ; du coup, des milliers des “demob”-jeunes réservistes frustrés et en colère- n’attendent qu’un simple détonateur pour tuer. De même les paysans dont l’Etat a spolié les terres sont affamés, subissant en plus une politique agricole cynique et inappropriée, qui va jusqu’à détruire les plantations ou interdire aux paysans de se servir dans leurs propres champs. Face au mal-vivre d’une écrasante majorité de Rwandais, une infime minorité de cadres civils et militaires associés au pouvoir affichent une arrogance financière sans précédent. De nombreuses activités dans le secteur agricole ont été nationalisées ou mutualisées pour être mieux contrôlées par des entreprises étrangères ou appartenant à des pions de l’élite dirigeante. Les mêmes fonctionnaires, bénis par le Général Kagame, contrôlent toutes les entreprises du secteur tertiaire y compris les télécommunications et les fameux comptoirs de vente des pierres précieuses issues du pillage de la RDC. Une poignée de hauts dignitaires sont propriétaires des grands bâtiments de Kigali et d’ailleurs dans le pays, obligeant tous les détaillants et ONG à louer des locaux à des prix exorbitants. Le comble de l’ironie, c’est qu’au moment où des millions d’enfants du Rwanda vont au lit le ventre creux, le pouvoir chante son “miracle économique”. Gare à cette paysannerie affamée et écrasée ! A tout moment, les machettes peuvent ressortir et plonger le pays dans un abîme, plus bas qu’il n’était en 1994.
Finalement, il y a des enjeux inavoués de l’invitation du Président Macron à Kigali !
Les enjeux inavoués d’une visite piégée
Je vois une série de mises en scène le fauteuil même du Président Macron assis à la tribune : des soldats « français » contrôlent aux barrages routiers les cartes d’identité de citoyens rwandais terrorisés envoyant à la mort ceux reconnus comme tutsis ; des soldats « français » infligent des violences sexuelles à de jeunes de jeunes femmes tutsies sans défense ; une unité de soldats « français » entraînant des miliciens hutus à la traque de tutsis ; un groupe de miliciens hutus en compagnie de soldats français procède à un massacre collectif de tutsis sans défense ; un groupe de femmes tutsies qui se déshabillent devant le Président Macron pour le maudire et jeter la poisse au peuple de France etc. Je vois des mises en situation où le Président Macron est, lui-même, ou son épouse, invité à participer à des scènes de secours ou d’échange avec un public de rescapés tutsis irrespectueux et provocateurs sous le regard rieur du public.
Toutes ces mises en situations et mises scènes sont ponctuées de scènes de larmes, d’hystérie et d’évanouissement, des jérémiades voire des injures publiques envers le peuple de France, le tout pour impressionner, intimider, peiner, humilier et écœurer le Président Macron, son épouse et l’ensemble de sa délégation, de manière à le pousser à l’aveu et au repentir, et je peux vous assurer que tout geste allant dans ce sens sera extrapolé et politiquement exploité par la suite. Remarquez que la sécurité et le renseignement en rapport avec l’arrivée des 50 chefs d’Etat et de gouvernements à Kigali a été confié au Mossad, le célèbre organe de renseignement juif réputé dans l’usage de la torture. Enfin, je signale que cette visite du Président Macron, si elle devait avoir lieu, sera une justification inespérée de l’entreprise gigantesque de falsification historique entreprise par Kagame et son groupe. Agaillardi à l’idée de recevoir le Président Macron à Kigali, Kagame déploie aujourd’hui tout un panel de stratégies de nature à taire toutes voix qui crient désespérément l’autre version de l’histoire. Et sans aucun scrupule, Kagame montre à quel point il est sur-pressé : ayant très récemment placé le tristement célèbre Théos BADEGE comme haut cadre d’Interpol à Lyon, ancien chef patron du tortionnaire CID à Kigali, le Procureur du Rwanda, Jean Bosco Mutangana vient d’annoncer l’émission de 1000 mandats d’arrêts contre des « suspects du génocide, des négationnistes du génocide des Tutsis, des divisionnistes et des partisans du double génocide ».
Au regard de ce qui précède, soit le Président Macron devrait renoncer à aller au Rwanda, soit y dépêcher une simple délégation.
Dr Innocent Biruka