Le Burundi n’est pas la RDC, pays-poubelle

Par Patrick Mbeko

C’est une information très importante qui est passée quasiment inaperçue. Et pourtant… Il y a plusieurs jours, des éléments des Forces de défense rwandaises (RDF) ont mené des incursions au Burundi, provoquant une forte réaction de l’armée burundaise. Mais l’escalade a finalement été stoppée avant que la situation ne dégénère de manière irréversible. Pour tout dire, on a évité de justesse un conflit armé ouvert entre le Rwanda et le Burundi. Tant du côté de Kigali que de Bujumbura, personne n’a souhaité commenter l’incident. Que s’est-il vraiment passé ?

RFI et Jeune Afrique n’ont commenté l’incident que quatre jours plus tard. Ça en dit long sur le silence assourdissant entourant cette affaire. Selon ces deux médias, les troupes rwandaises auraient poursuivi des hommes des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et du Front pour la libération nationale (FLN) établis dans la forêt de la Kibira, au Burundi. Ces deux groupes rebelles auraient mené, trois jours plus tôt, des attaques dans le sud-ouest du Rwanda, dit-on. Selon Jeune Afrique, les chefs des services de renseignements burundais et rwandais se sont parlé, ce qui a fait retomber la tension.

Quand bien même cette version serait conforme à la réalité des faits, ça n’explique toujours pas pourquoi les autorités rwandaises et burundaises se sont enfermées dans un mutisme assourdissant.

Il faut dire que cet incident était connu de quelques personnes bien informées. Je l’ai appris au lendemain de l’incursion menée par les RDF au Burundi. La personne, qui m’a informé la semaine dernière, m’a donné une explication qui permet de comprendre le silence observé du côté rwandais et burundais. Selon elle, les maîtres du Burundi ont laissé les RDF s’aventurer clandestinement sur leur territoire sans faire du bruit, avant de les éliminer. Comme il s’agissait d’une opération de déstabilisation clandestine, les Rwandais ne pouvaient donc pas accuser les Burundais d’avoir violé le droit de la guerre ou le droit humanitaire international, et les Burundais de leur côté n’avaient rien à dire non plus puisqu’ils n’ont jamais été attaqués officiellement par les Rwandais. Comme a dit quelqu’un, « à malin, malin et demi ». Il y a toujours plus rusé que soi.

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Si cette version des faits est vraie, c’est donc un coup dur pour le Rwanda, qui a sûrement confondu le Burundi avec la République à démocratiser du Congo, un pays-poubelle que n’importe quelle armée étrangère peut envahir et occuper sans craindre quoi que ce soit…