Le 11 juin, le FMI a annoncé qu’il accordait au Rwanda (B2 stable) 111 millions de dollars supplémentaires, le deuxième décaissement au titre de la Facilité de crédit rapide (RCF), pour compenser les pressions économiques et fiscales résultant de l’épidémie de coronavirus. Le financement est destiné à atténuer les pressions immédiates de liquidité et permettre au Rwanda de gérer un creusement temporaire de son déficit cette année. Cependant, indique Moody’s dans un rappot du 15 juin, la dette du Rwanda continuera d’augmenter, ce qui pèsera sur l’évaluation de sa solidité budgétaire.
L’annonce du financement du FMI fait suite à la publication du budget actualisé du gouvernement fin mai, dans lequel il prévoyait un élargissement du déficit budgétaire à 9,2% du PIB au cours de l’exercice 2021, le choc des coronavirus entraînant une baisse de plus de 3 points de pourcentage du PIB. Au cours des deux années suivantes – exercice 2022 et exercice 2023 – le gouvernement s’attend à ce que les déficits publics retombent à 6% du PIB alors que l’économie serait entrain de se remettre du coronavirus. Au cours de ces deux exercices extérieurs, les déficits publics seront entièrement imputables aux dépenses en capital et aux prêts nets, qui resteront supérieurs à 12% du PIB.
Cependant, la dette publique augmentera encore plus que nous l’avions prévu et se stabilisera à un niveau plus élevé , indique Moody’s. Le fardeau de la dette du Rwanda a déjà considérablement augmenté ces dernières années pour atteindre 52,4% du PIB en 2019, contre 33,2% du PIB en 2015. Des déficits budgétaires plus importants en 2020 et 2021 aggraveront cette tendance et entraîneront une nouvelle hausse de la dette vers 65% en 2021, ce qui affaiblira la solidité budgétaire du Rwanda et son profil de crédit.
Deux facteurs atténuent les pressions sur le crédit associées à un fardeau de la dette plus élevé. Premièrement, la majeure partie de la dette du Rwanda est une dette extérieure concessionnelle, ce qui réduit l’exposition du gouvernement au risque de taux d’intérêt et de roulement. Au cours des trois prochains exercices, le gouvernement s’attend à ce que plus des trois quarts du financement budgétaire net soient pas couverts par des emprunts extérieurs concessionnels. Deuxièmement, la dette du Rwanda reste abordable: sa charge d’intérêts, mesurée par les dépenses d’intérêts sur les recettes publiques, n’est que de 5,7% en 2019. Cependant, la part importante de la dette libellée en devises laisse sa trajectoire de dette sensible aux chocs de change. Nous estimons qu’une dépréciation de 5% du franc rwandais alourdirait le fardeau de la dette de 12,1 points de pourcentage du PIB sur une période de cinq ans.
Par Albert Savana