La crise alimentaire au Burundi selon Alain Désiré Karorero.

Mes chers amis, mon souci est toujours de mettre en lumière le rôle néfaste qu’ont joué certains des ressortissants rwandais ayant vécu au Burundi. En effet, le FPR prétendu gagnant de la guerre contre les FAR avouons que c’est grâce à l’Ouganda et le Burundi.

Je dis bien grâce à l’Ouganda qui a armé et entraîné ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui et au Burundi qui a hébergé nombreux de ces combattants et facilité l’entrée mais aussi, il est intervenu à la dernière minute alors que la rébellion FPR était battue à plate couture et qui songeait déjà à retourner en Ouganda. Mais , il était entre le marteau et l’enclume lorsque le FPR attaqua le camps de GAKO” en Bugesera , le camps n’est pas loin de l’aéroport de Kanombe et abrite tous les engins lourds à destruction massive .

Les rebelles FPR sans munitions suffisantes pour résister à la défensive , ils étaient aussi fatigués , pris en sandwich ils ont appelé Bujumbura qui est intervenu rapidement en renfort vers 22 heures pour parachever l’opération qui fut conduite par feu Lieutenant Colonel Appolinaire Nzunogera qui était à l’époque commandant du 1 bataillon des parachutistes. C’est grâce à ce bataillon très opérationnel que le FPR occupa Kigali .

Jadis, la région de Bugesera , où j’ai vécu plus de deux ans était l’une des plus fertiles du Burundi et le Rwanda. Celle-ci fût déboisée dans une vitesse grand “V”, Ce qu’on a appelle “Twubake Urwanda rusha” et donc, il n’était plus question de s’asseoir ou dormir sur le lit des dignitaires déchus, et donc le pays a recommencé à zéro en changeant tout ce qui symbolisait le pouvoir du MRND. La menuiserie devenue l’une des industries les plus rentables selon les sources contactées.

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A force de déboiser la région de Bugesera qui unit le Rwanda au Burundi; un certain moment, la pluie est devenue rare comme le bronze, puis comme l’argent avant de devenir de l’or. Frappé par la disette, l’ancienne région qui approvisionnait Kigali et l’ouest du pays , la suite? J’allais dire quoi? Que les rwandais au pouvoir aujourd’hui sachent que burundais et rwandais sont deux peuples condamnés bon gré-malgré à cohabiter

Crise alimentaire : pourquoi et comment nous en sommes là ? Je m’exprime en tant que témoins oculaire, j’ai assisté impuissamment à la destruction de l’environnement et donc au changement climatique, j’avoue avoir vu la disette avancer à grand pas sans pouvoir faire quoi que ce soit. A mon humble avis, la responsabilité est en grande partie imputable aux administratifs de l’époque dite « Buyoya II » et les forces de défense et de sécurité (Gendarmes, militaires et police municipale). Ce qu’il faut retenir, c’est que la crise alimentaire s’est fait sentir en premier lieu au Rwanda voisin. C’était en 1999, si je ne me trompe pas, lorsque le président Rwandais Paul Kagamé a signé deux décrets et des mesures draconiennes qui les accompagnaient. Il s’agit d’un décret interdisant formellement le déboisement et celui interdisant l’utilisation des emballages en plastique. (Sachets)

Des lors, toute personne surprise en train d’abattre un arbre sur le sol rwandais, devait écoper de cinq ans de prison, après paiement d’une amande et remplacement de l’arbre coupé. La question de trouver le charbon pour la cuisine était alors posée.

En 2000, un sac de charbon en province de Kirundo coûtait 1.500 francs burundais, soit 850 francs rwandais. La hausse des prix du charbon et du bois servant à la construction commence avec, la signature de ces deux décrets. Les hommes d’affaires qui entraient au Burundi pour y vendre les pommes de terre ou autres marchandises, retournaient au Rwanda avec quelques sacs de charbon achetés à 1500 francs rwandais, soit à peu près 3000 francs burundais, pour les revendre à 2500 frs rwandais chez eux. C’est à partir de cette époque que la famine a frappé à la porte de la région de Bugesera et qui va s’empirer avec la période de transition, car, selon toute vraisemblance, tous les administratifs faisaient la course contre la montre.

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Pendant que nos pauvres paysans croyaient sortir de leur misère, les pluies sont devenues capricieuses dans cette contrée, une pénurie d’eau dans les champs s’installa. Bref, c’était toute la région de Bugesera qui était menacée, avant de contaminer celle de Buyenzi.

Voyant que la terre ne donne plus comme avant, nulle part on ne pouvait trouver le sorgho, les haricots et le café. Un vendredi du mois de juin 2001, le gouverneur de province Kirundo convoque une réunion d’extrême urgence, une réunion regroupant les chefs de services œuvrant dans la province de Kirundo. L’actuel Ombudsman, l’honorable Edouard Nduwimana était procureur de la République. Je croyais qu’il s’agissait d’une simple réunion d’échange comme à l’accoutumée. En m y rendant j’ignorais que j’allais être la principale cible d’attaque en tant que responsable n°1 du trafic frontalier. La question qui a été longuement posée est celle-ci : « Où va le bois ? Où va le charbon ? Où va le café ? » Et tous les yeux des participants étaient braqués sur mon visage. A cette question, j’ai sèchement répondu en ces termes : « Cette question est à poser à nos administratifs qui autorisent le déboisement en pleine journée, les gendarmes et militaires qui facilitent le passage de ce bois et charbon pendant la nuit vers le Rwanda en passant par des voies non autorisées ». Par ces voies entendez, le lac Rweru, Cohoha etc…. Les participants à cette réunion se souviennent de la dernière phrase que j’ai prononcée en kirundi : « Kwisamburirako nk’impene ». J’écris toutes ces lignes pour vous expliquer que la disette a commencé par frapper notre voisin du nord et qui a pris des mesures de protection à temps.

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Ce qui m’étonne est qu’au Burundi, on a dû attendre que la situation deviennent vraiment critique pour que l’aide se mette en place, alors que les Burundais n’avaient du tout besoin de l’aide que la mise en place des mécanismes de sensibilisation.