Le président Kagame reconnaît un assassinat politique. Lors de son discours devant les membres du gouvernement, qui tiennent leur retraite annuelle à Gabiro (nord du Rwanda), le président rwandais Paul Kagame a semblé reconnaître la responsabilité de Kigali dans l’assassinat, en 1998, de l’opposant Seth Sendashonga.
Sur le fond, ce n’est pas une surprise: cet assassinat, survenu en mai 1998 à Nairobi, a toujours été attribué à Kigali, principalement parce que Seth Sendashonga avait échappé en 1996 à une précédente tentative d’assassinat au Kenya et que le tireur, appréhendé avec l’arme de l’attentat, travaillait à l’ambassade du Rwanda à Nairobi. La surprise vient de ce que le chef d’Etat a implicitement reconnu la responsabilité de ses services dans l’assassinat politique, ce qui est inhabituel.
Dans son discours, le président Kagame a en effet évoqué les fortes tensions qui opposent son pays à l’Ouganda voisin.
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Il a expliqué que le soutien de Kampala à des groupes armés rwandais anti-Kigali n’était pas neuf et a rappelé un livre du chercheur français Gérard Prunier, où ce dernier explique avoir mis en relation , à sa demande, Seth Sendashonga et des officiels ougandais, en 1998, alors que l’opposant rwandais était en train de créer un groupe armé et cherchait un appui étatique pour renverser Paul Kagame. « Il y a des éléments de vérité dans ce qu’écrit Prunier », a dit samedi dernier Paul Kagame. « Nous avions cette information. Seth Sendashonga est mort parce qu’il a franchi la ligne et je ne vais pas m’en excuser ».
Par Marie-France Cros.