Bénédicte Kumbi Ndjoko
L’éternel scénario manichéen des méchants contre les gentils est en train d’être rejoué et avec une complicité congolaise au plus haut sommet de l’Etat. S’il est reconnu dans cet article que les fameux Banyamulenge sont d’origine rwandaise, cela à mon sens est fait de manière intentionnelle pour perpétuer la narration victimaire que Kagame et ses parrains ont inaugurée depuis le génocide rwandais.
On nous parle de paisibles éleveurs qui ont à faire face à des Congolais hargneux qui voudraient les expulser de la terre qu’ils occupent depuis de longues années. On oublie cependant de dater cette présence, d’expliquer dans quel contexte ces populations se sont retrouvées au Congo et comment elles sont devenues congolaises malgré les lois sur la nationalité de par et autre de la frontière.
Dans quelques temps, cette narration elliptique deviendra beaucoup plus précise, et on parlera d’éleveurs tutsis afin que le monde ne réfléchisse pas et qu’il répare ”l’injustice” qui avait été faite à ces populations abandonnées de tous au moment du génocide et ceci au détriment du peuple congolais qui lui a perdu plus de 8 millions de ses citoyens.
Ce scénario de l’alerte, de la condamnation avant l’effectivité des massacres de la part de Kagame et de l’ONU n’est pas sans rappeler l’alerte lancée par Alison Des Forges, alors membre d’une mission onusienne et qui avait préparé les esprits à la condamnation des méchants hutus endoctrinés. Mais tout ceci est déjà si loin, en vingt ans de guerre, on a le temps d’oublier et surtout raconter n’importe quoi parce que la pilule est déjà passée une fois.
En outre l’article ajoute que la situation inquiétante des Banyamulenges serait exacerbée par l’insécurité causée par les groupes armés à l’Est du pays. Si les supposés ADF liés à l’Ouganda, avec lequel Paul Kagame est en bisbille en ce moment, sont nommés, pour les autres le flou est de mise. Aucun moyen alors de faire le lien entre ces milices et le Mapping Report, par exemple, qui déclare que la chaîne de commandement de ces milices va jusqu’à Kigali.
Enfin dans un geste magnanime, on ajoute qu’une mission commune des armées de la région avec le soutien de la Monusco doit être favorisée pour que comme le souhaite le président Tshisekedi, les populations du Kivu puissent passer de bonnes fêtes de fin d’année. Une façon comme une autre de dire que l’on est en train de fabriquer des coupables en béton!