« Kabila » a bel et bien recruté des ex-M23 pour tuer des Congolais

Le « deal » a été conclu en août 2015 à Goma. « Kabila » y avait reçu discrètement Bertrand Bisimwa et les « colonels » Makenga Sultani et Vianney Kazarama en présence du « général » Muhindo Akili, alias Mundos. A Kinshasa, des sources sécuritaires confirment que des anciens combattants de la « rébellion » pro-rwandaise du M23 se trouveraient encore dans la commune kinoise de Maluku. Et ce près du camp Siferco à un jet de pierre de la résidence de Jean-Pierre Bemba.

Attaque du siège de l’UDPS dans la nuit du 19 au 20 décembre 2016

« Les soldats congolais de souche étant devenus de plus en plus réticents à réprimer leurs concitoyens, le président Joseph Kabila a fait appel à des combattants étrangers originaires du Rwanda pour noyer dans le sang les manifestations contre le régime. Ce sont les ex-M23 qui avaient attaqué le siège de l’UDPS en décembre 2016. Des militants de ce parti avaient fait état d’une langue inhabituelle que parlaient les assaillants ». C’est un officier de renseignements congolais qui parle. L’homme a requis l’anonymat.

D’après notre interlocuteur, « Kabila » a maintenu le contact avec les dirigeants du M23 qu’il a reçus discrètement au mois d’août 2015 à Goma. La rencontre a eu lieu à la résidence à Kinyogote. Etaient présents: Bertrand Bisimwa, les « colonels » Makenga et Kazarama. Sans oublier l’incontournable « général » Muhindo Akili, alias Mundos. « Outre la répression des manifestants congolais, Mundos et Sultani Makenga devaient lancer une ‘rébellion’ à partir du Nord Kivu à la frontière avec l’Ouganda. Le projet a fait flop », précise-t-il.

Le dernier rapport publié par Human Right Watch, en date du 4 décembre 2017, accusant le président hors mandat « Joseph Kabila » d’avoir « mobilisé » deux cents anciens combattants M23 pour réprimer sans merci des opposants congolais a mis le « clan kabiliste » en émoi. C’est à croire qu’il y a péril en la demeure.

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« MARIE-ANGE » ET « ZOE »

Marie-Ange Mushobekwa
Marie-Ange Mushobekwa

Mardi 5 décembre, les auditeurs de RFI ont suivi l’ex-opposante Marie-Ange Mushobekwa, promu ministre des… Droits humains depuis décembre 2016 dans le « gouvernement d’union nationale ». En panne d’arguments, Mushobekwa a qualifié ces révélations de « ridicules ».

En fait, la ministre ne détenait aucun élément lui permettant d’émettre un jugement en toute connaissance de cause. Les questions relatives à la police, l’armée et les « services » relèvent de « Joseph Kabila » et de quelques membres du premier cercle du pouvoir. Le gouvernement n’a pas un mot à dire. Le ministre de la Défense, Crispin Atama Tabe, ne fait que de la figuration.

Jeudi, « Marie-Ange » n’a pas démenti cette réalité au cours d’un point de presse qu’elle a animé. A l’ordre du jour, le rapport de HRW balayé, la veille, du revers de main. En lieu et place de « démolir » point par point les accusations articulées par cette influente ONG américaine, la ministre s’est limitée à stigmatiser le caractère « haineux » de ce document: « Du premier mot jusqu’au dernier, on ressent la haine et la rage de Mme Ida Sawyer envers et contre les autorités de la RDC pour des raisons qui lui sont propres ». Les faits allégués sont-ils vrais ou faux? Silence radio.

Ancien membre du Rassemblement [elle a participé au conclave de Genval en juin 2016, Ndlr], Mushobekwa suspecte le HRW de dissimuler à peine « son penchant pour un groupe politique » tout en décidant « de lyncher un autre ».

Comme pour enfoncer le clou, le très controversé Zoé « Kabila », alias « Monsieur frère… » – qui ne parle que le swahili et l’anglais – s’est exprimé, jeudi, via son compte Twitter. L’homme communique généralement « par procuration » du « raïs ». Dans un entretien avec « Jeune Afrique » en août 2016, il avait déclaré que sa famille n’entend en aucun cas « laisser le pouvoir à n’importe qui ».

Commentant le rapport de HRW, « Monsieur frère… » n’a pas été très « sophistiqué ». Il s’est contenté de dire que ce document traduit un « manque de respect vis-à-vis des soldats congolais ». Des soldats, « qui continuent à défendre la patrie contre les groupes armés financés par vos organisations pour déstabiliser la RDC », a-t-il glissé. Pour lui, il est tout simplement impensable que le pays fasse appel aux « mercenaires pour mettre de l’ordre en RDC ».

QUE DIT LE RAPPORT DE HUMAN RIGHTS WATCH?

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Ida Sawyer
Ida Sawyer

Rédigé par Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale de cette ONG, le document rapporte des accusations graves à l’encontre de « Joseph Kabila » et ses « généraux ». A l’appui, « Ida » cite plus de « 120 entretiens » non seulement avec des anciens combattants mais aussi des officiers de sécurité congolais et des dirigeants politiques du M23.

Décidé à s’accrocher au pouvoir au-delà de la date d’expiration de son dernier mandat, « Kabila » a recruté des ex-combattants M23, c’est-à-dire des mercenaires, « pour réprimer dans le sang » les manifestants congolais qui réclament son départ du pouvoir. Deux cents ex-rebelles recrutés en Ouganda et au Rwanda ont accompli cette « sale besogne ». Des tueries massives ont eu lieu les 19-20 septembre et les 19-20 décembre à Kinshasa, Goma et Lubumbashi. Bilan: 62 morts.

« 100 MORTS »

Il importe d’ouvrir la parenthèse ici pour rappeler qu’après la répression du mois de septembre, Bruno Tshibala, alors secrétaire général adjoint de l’UDPS et porte-parole du Rassemblement, avait donné le chiffre de « 100 morts ». Une annonce qui avait irrité les « faucons » du régime. Le 9 octobre 2016, Tshibala sera arrêté à l’aéroport de Ndjili au moment où il s’apprêtait à prendre un vol à destination de Bruxelles. Fermons la parenthèse.

Dans un « tweet » posté mardi 5 décembre, Bertrand Bisimwa, président du M23, n’a opposé aucun démenti. Bien au contraire. Il a confirmé que le « gouvernement de la RDC » a procédé au recrutement « clandestin » des « déserteurs et indisciplinés radiés du M23 pour des activités que nous ignorons ». Selon lui, ces « déserteurs » sont cantonnés à Kisangani et Goma.

Selon des sources contactées par l’auteur de ces lignes, d’autres ex-rebelles sont encore basés à Maluku près du camp Siferco à quelques encablures de la résidence de Jean-Pierre Bemba. Ici, il est fait état d’un millier d’hommes « dispatchés » dans les villes les plus frondeuses. A savoir, la capitale, Goma et Lubumbashi.

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En attendant une hypothétique enquête indépendante, on peut présumer de manière irrécusable que « Joseph Kabila » a bel et bien recruté des mercenaires étrangers pour tuer des Congolais. Des filles et fils du pays qui exigeaient tout simplement le retour à l’ordre constitutionnel.

La place de « Joseph Kabila » se trouve dans une prison de haute sécurité et non au sommet d’un Etat…

Baudouin Amba Wetshi
http://www.congoindependant.com/