L’équipe rendue publique dans la soirée de ce dimanche 28 juin par le porte-parole du président de la République, Jean-Claude Karerwa Ndenzako, a été beaucoup resserrée. 15 membres seulement. Le gouvernement sortant était constitué de 21 ministres.
Parmi les 15 heureux élus du Général Alain-Guillaume Bunyoni, seuls 5 ministres sortants ont été reconduits. Notamment, Dr Thaddée Ndikumana qui devra continuer de gérer l’épineuse pandémie mondiale au sujet de laquelle les cas positifs ne cessent d’augmenter. Dr Gaspard Banyankimbona qui, en plus de son portefeuille de l’enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, hérite du portefeuille de l’Education nationale.
Quant à l’ambassadeur Ezéchiel Nibigira, jusque-là chef de la diplomatie, il a été nommé à la tête du ministère des Affaires Est-africaine, de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. L’ancien chef des Imbonerakure cède sa place à l’ambassadeur Albert Shingiro.
Depuis 2014, M. Shingiro était représentant permanent du Burundi auprès des Nations Unies. A New York, le diplomate natif de Karusi (Buhiga), province où feu président Nkurunziza est mort le lundi 8 juin, a usé de tout son talent pendant les 5 dernières années pour défendre bec et ongles un pouvoir sur la sellette.
Les 10 autres membres de l’équipe sont constitués des personnalités connues de par leurs fonctions précédentes et d’autres quasiment inconnues de l’opinion. Néanmoins, deux nouveaux membres ont retenu l’attention de par leurs portefeuilles et l’ethnie de chacun : Le Général Gervais Ndirakobuca alias « Ndakugarika » et l’Ingénieur Alain-Tribert Mutabazi.
Pour rappel, l’article 135 de la Constitution enjoint au président de la République, en consultation avec le vice-président et le premier ministre, de veiller à ce que le ministre de la Défense ne soit pas de la même ethnie que le ministre responsable de la police nationale. Dès lors, après qu’un Général Hutu a été nommé au ministère de la sécurité publique, le ministère de la Défense et des anciens combattants doit revenir à un Tutsi.
« Gouvernement homogène »
Connu sous le sobriquet de «Ndakugarika», le Général Ndirakobuca hérite du ministère de l’Intérieur, du développement communautaire et de la Sécurité publique. Un observateur de la politique burundaise interrogé fait savoir qu’« aucun ministre n’a été aussi puissant depuis 2005. Il va gérer en réalité trois ministères».
Un autre abondant dans le même sens estime que c’est aussi un élément prouvant à quel point le nouveau gouvernement compte plus sur les hommes sous les drapeaux que sur les civils. «Autrement, c’est incompréhensible qu’un haut gradé très puissant dans la police soit celui à qui l’on confie l’administration du territoire, et le développement communautaire au moment où un civil est propulsé ministre de la Défense».
Les deux s’accordent à dire que le nouveau ministre de la Défense et des anciens combattants « n’aura pas de l’ascendant sur les militaires et dès lors, le Chef d’Etat-Major aura du pouvoir sans partage sur l’armée ».
L’ingénieur Mutabazi jusque-là gouverneur de la province Kirundo, frontalière avec le Rwanda, remplace Emmanuel Ntahomvukiye qui avait succédé quelques jours après la tentative de coup d’Etat de mai 2015 au Général-Major Pontien Gaciyubwenge.
L’ancien professeur au Lycée de la Convivialité de Kanyosha situé au sud de la ville de Bujumbura est le troisième civil nommé ministre de la Défense. Après celui à qui il succède et leur prédécesseur de loin, le Mushingantahe Zénon Nicayenzi.
Léonard Nyangoma, président du parti Cndd, aujourd’hui en exil en France, indique la composition du gouvernement formé ce dimanche « répond à la volonté du parti au pouvoir». Pour lui, il est hors de question de s’attendre à des changements salutaires de ce gouvernement « monolithique».