Tous les propos offensants, discours de haine, menaces de génocide et autres propos politiquement incitatifs proliférés en RD Congo doivent cesser et doivent être découragés par toutes les parties, ont souligné les dirigeants régionaux lundi 20 juin.
C’était à la fin du troisième conclave des Chefs d’Etats de l’EAC sur la RD Congo, organisé par le président Uhuru Kenyatta, l’actuel président de l’EAC, à Nairobi.
Les dirigeants ont délibéré sur la situation sécuritaire dans l’est de la RD Congo et sur les mesures visant à promouvoir la paix, la stabilité et le développement dans l’est du pays et la grande région de l’Afrique de l’Est.
Un communiqué indique qu’ils ont souligné que le peuple congolais doit être encouragé à travailler ensemble afin de stabiliser l’est de leur pays pour qu’il prospère.
“Les chefs d’État ont ordonné qu’un cessez-le-feu immédiat soit appliqué et que la cessation des hostilités commence immédiatement, y compris le retrait des positions récemment prises”, lit-on dans la déclaration.
« Ce faisant, le processus politique devrait être intensifié par toutes les parties afin de permettre aux citoyens de la RDC de se sentir en sécurité et de pouvoir reprendre et poursuivre leurs activités sociales, culturelles et économiques respectives.
A Nairobi, Kenyatta a été rejoint par les présidents Paul Kagame du Rwanda, Félix Tshisekedi de la RD Congo, Yoweri Museveni de l’Ouganda, Evariste Ndayishimiye du Burundi et Salva Kiir du Soudan du Sud.
La Tanzanienne Samia Suluhu était représentée par le haut-commissaire de son pays au Kenya, John Stephen Simbachawene.
Le conclave a convenu et renforcé que la confiance et le renforcement de la confiance, la cessation des hostilités, le cessez-le-feu inconditionnel, la participation aux processus politiques dans le pays, la priorisation et la participation au développement du pays, la citoyenneté, la présence d’éléments étrangers négatifs, le sort des combattants lors de la réintégration et statut des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays « font partie des problèmes critiques qui nécessitent une résolution concertée, urgente et durable ».
Le sommet régional très médiatisé de lundi était le troisième en un peu plus de deux mois.
Les premier et deuxième conclaves ont eu lieu respectivement les 8 et 21 avril.
La force régionale reçoit un mandat opérationnel
Au cours du deuxième conclave, les dirigeants ont convenu du déploiement d’une force régionale pour faire face aux groupes armés au Congo. Selon le communiqué de lundi, le Conclave a commencé par un exposé détaillé sur la piste militaire, présenté par le chef des forces de défense du Kenya, le général Robert Kibochi, chef du comité des chefs des forces de défense de l’EAC.
Les chefs des forces de défense se sont réunis, plus tôt dimanche 19 juin, à Nairobi, pour se concerter sur le projet de déploiement d’une force régionale dans l’est de la RD Congo. Les chefs des forces de défense des sept pays de l’EAC ont assisté à la réunion, est-il noté.
“Le mémoire a défini le problème, a souligné l’analyse de la menace, le concept d’opérations (CONOPs), l’accord sur le statut des forces (SOFA), les règles d’engagement (ROE) et d’autres réglementations juridiques et techniques pour faciliter l’opérationnalisation de la Force régionale et de ses divers armes opérationnelles », lit-on dans le communiqué.
Comme indiqué, les dirigeants ont accepté et adopté le concept d’opérations, l’accord sur le statut des forces et les règles d’engagement tels que présentés par les chefs des forces de défense pour une mise en œuvre immédiate.
“Ce faisant, les chefs d’État ont donné pour instruction à la Force régionale, en coopération avec les forces militaires et administratives de la RDC, de chercher à stabiliser et à garantir la paix et la paix en RDC”.
La force régionale devrait également coopérer à la mise en œuvre du processus de désarmement et de démobilisation.
La force régionale sera constituée en tant que force de la CAE en vertu du protocole de la CAE sur la paix et la sécurité et de l’article 124 du traité de la CAE sur la paix et la sécurité régionales et de l’article 125 sur la coopération en matière de défense.
“La force régionale a reçu son mandat opérationnel et a détaillé sa structure opérationnelle aux chefs d’État.”
Aucune date n’est donnée quant au moment où la force régionale sera déployée.
A mi-parcours du dialogue intercongolais en avril, des signes d’optimiste sont apparus après qu’au moins 30 groupes armés congolais se sont réunis pour des pourparlers à Nairobi.
Cependant, les choses ont rapidement dégringolé lorsque des désaccords sont apparus entre Kinshasa et l’un des groupes, les rebelles du M23, qui ont depuis été désignés par le gouvernement de Tshisekedi comme terroristes et écartés des pourparlers de Nairobi.
La RD Congo a accusé le Rwanda de soutenir les rebelles.
Kigali a rejeté les accusations, la force de l’ONU au Congo (MONUSCO) affirmant également qu’elle n’avait aucune preuve de l’implication du Rwanda.
Pendant ce temps, les tensions ont éclaté entre les deux voisins, Kigali accusant Kinshasa d’escalader les provocations transfrontalières.
Le dernier incident de ce type s’est produit le 17 juin lorsqu’un soldat congolais armé a traversé la frontière commune à Rubavu et a ouvert le feu sur le personnel de sécurité et de migration rwandais. Le militaire congolais a été abattu à 25 mètres à l’intérieur du territoire rwandais.
La dernière réunion de Nairobi s’est déroulée dans un contexte d’inquiétudes croissantes concernant la prolifération des discours de haine et l’incitation à la violence contre les ressortissants congolais rwandophones et rwandais.
Des vidéos de foules en maraude armées de machettes, à la recherche d'”ennemis” sont diffusées sur les réseaux sociaux. Certaines vidéos montrent des civils attaqués, piratés ou brûlés vifs en plein jour, la détérioration de la situation incitant la MONUSCO à exprimer publiquement ses inquiétudes.
Guylain SHEMA