BURUNDI : LA RUSE RWANDAISE N’Y PASSE PAS COMME À KINSHASA !

« Nous voulons avoir de bonnes relations avec tous les pays voisins ou les pays lointains qui accueillent des réfugiés burundais. Mais nous n’allons pas avoir de bonnes relations avec un pays qui use de malice, un pays hypocrite, qui prétend vouloir renouer de bonnes relations avec le Burundi alors qu’il met en même temps il place une grosse épine sous notre pied pour qu’on se blesse dessus »

C’est la déclaration d’hier du Président burundais, Evariste Ndahishiye, lors de son discours dans une province du Nord frontière du Rwanda. Il rejette ainsi la main tendue par le président rwandais Paul Kagame qu’il considère comme une main empoisonnée.

Il faut être «Kishansa» pour tomber dans les pièges de Kigali. Ce que beaucoup des gens ne savent pas est que la ruse, la malice, l’ hypocrisie…,sont des stéréotypes culturels rwandais que tous les voisins avisés connaissent. D’ailleurs l’intelligence rwandaise se défini elle-même par ces mots. Je vous renvoie à mes publications sur la «culture du mensonge» au Rwanda, l’UBWENGE.

Si tout enfant rwandais intelligent devrait faire preuve d’«Ubwenge»(ruse, malice, duplicité, calomnie, habileté à tromper…)dans le Rwanda ancien que dire de l’intelligence politique ? Tous les rwandais ne sont pas ainsi conditionnés psychologiquement et culturellement mais il faut dire que la gouvernance du régime ethno-fasciste de Kigali est profondément marquée par ces facteurs culturels.

Ce n’est pas le Burundi de Ndahishiye ou celui qui a été de Nkurunziza, moins encore l’Ouganda de Museveni qui peut ignorer ces facteurs. Seule la RDC de Tshisekedi et de Kabila , après tout ce qu’elle vécu avec ce pays, ignore ces facteurs. Soit, c’est la complicité, soit c’est la naïveté !

Lorsqu’un rwandais de ce type vous tend la main après un conflit ,soyez sûr et certain qu’il n’a pas oublié le passé surtout lorsqu’il s’agit d’un conflit violent. Il ne lâchera pas tant qu’il n’aura pas, soit atteindre son objectif initial, soit faire couler le sang pour considérer que le conflit est clos comme l’exige la culture rwandaise selon le code ésotérique « Ubwiiru». J’ai déjà consacré un article sur le principe de se «laver les mains» qui conditionne tout «pardon» ou toute réconciliation, y compris entre les rwandais eux-mêmes. Le pardon, ai-je dit, n’ a pas la même signification dans toutes les cultures !

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Avec tout ce que nous vivons j’ai fini par comprendre que la faiblesse et/ou la fragilité du Congo vis-à-vis de Rwanda, c’est Kishansa. À chaque fois que Kigali nous a infligé des coups durs il s’est servi de Kinshasa. Je l’ai dit en 2010 à Joseph Kabila lorsque le Rwanda avait pris presque le contrôle de tout Kivu ce qu’il n’avait jamais osé à l’époque de guerre. C’est à dire ce qu’il ne pouvait pas obtenir par les armes il venait presque de l’ obtenir sans une seule balle tirée !

Les militaires pro-rwandais, truffés des éléments et officiers rwandais en tenue des FARDC, avaient pris le contrôle des coins et recoins du profond Kivu,y compris des endroits que les agresseurs de 1998 n’avaient jamais réussi à pénétrer car défendus par les résistants maï-maï.

Celà, après qu’on ait obtenu par le ruse le désengagement et le désarmement des groupes armés maï-maï suite à la fameuse «conférence Amani » et les accords de Goma. Nous venions ainsi de dégarnir nos territoires pour être occupé par l’ennemi sous couverture de l’État. L’ennemi venait de légitimer son action ,en vue d’une «occupation» ouverte, à travers l’État congolais dont le processus décisionnel était contrôlé en amont et en aval par le Rwanda.C’est de justesse que le Kivu a été sauvé entre 2011 et 2012. Si la situation actuelle est différente de celle de 2009-2012 il y a cependant lieu de se demander quel sera la suite de ces unités homogènes de l’armée rwandaise déployées au Kivu sous l’uniforme des FARDC !

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Souvent ,ceux qui gèrent les relations entre l’État congolais et le Rwanda au niveau de la Présidence de la république sont des gens qui ignorent tout du Rwanda et des rwandais. Or l’ axe stratégique rwandais devrait être soumis à la responsabilité de ceux qui maîtrisent les aspects antropologiques, culturels et sociaux de ce pays mais aussi les enjeux géopolitiques.

Ce n’est pas pour rien que James Kabarebe gère le «dossier Congo» dans l’appareil étatique rwandais. Tout ce qui a trait avec le Congo sur le plan militaire,politique et économique passe par lui. C’est la personne de référence, et au delà de lui,il y a des officiers qui ont évolués à ses côtés comme Jack Nzita, Sekoko…,et qui ont le lien d’une manière ou d’une autre avec Congo.

Mais chez-nous, on prend, soit un katangais, soit un kassaien, soit un Kinois qui ne connait le Rwanda que de nom pour traiter la question rwandaise, s’asseoir sur une table et traiter avec l’État rwandais pour le compte du Congo, voir du peuple congolais. C’est la catastrophe. Les mêmes pratiques de l’ancien régime sont celles appliqués aujourd’hui.

Posez la question de savoir qui gère aujourd’hui le dossier Kigali à la présidence, ou même celui qui gère le dossier sécuritaire Est,ou celui qui gère la question des groupes armés. Ce sont des gens qui non seulement ne connaissent rien du Rwanda,mais aussi du Kivu. Quel résultat peut-on attendre ?

Ce n’est pas aussi pour rien qu’en dehors d’une poignée des kivutiens (sélectionnés sur base des critères bien déterminés) le Rwanda mise souvent sur les compatriotes/cadres de l’Ouest ou de l’Est profond pour «légitimer» ou « congoliser» ses interventions militaires au Congo. Le choix n’est pas fait au hasard. La liste est longue depuis l’AFDL…

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Par cette analyse comparative de la position burundaise, ougandaise et congolaise par rapport aux relations avec le régime de Kigali je voudrais tout simplement rappeler que lorsqu’on maîtrise tous les stéréotypes du peuple rwandais dans sa diversité on traite avec Kigali avec plus rationalité. Ce qui n’est pas souvent le cas de mon pays.

En tant qu’ Internationaliste et expert en défence et sécurité, je n’ai jamais été partisan de la rupture des relations diplomatiques. Même en temps de guerre le «téléphone rouge» doit rester opérationnel. L’appel de l’ennemi a toujours été important. Il pourrait s’agir de proposition d’un pacte sincère de paix, d’une mesure de cessez-le-feu afin de permettre l’évaluation des blessés ou tout simplement de la reddition ! Mais on doit comprendre que les relations diplomatiques ne sont pas les mêmes selon qu’il s’agit d’un pays à vocation belliqueuse ou pacifiste,un pays voisin ou éloigné…

Les choses doivent changer, et ce n’est pas seulement avec le Rwanda. La politique régionale doit tenir compte de tous les facteurs car il s’agit surtout des relations entre les peuples voisins qui vont au delà des simples aspects politiques. Ce n’est pas comme si on traitait ,par exemple, avec la Turquie, l’Égypte et les États-Unis qu’on peut gérer en se ressourssant sur Google.

L’Est de la RDC est Est-afrique sur le plan géographique, social, culturel et économique. Les relations diplomatiques avec les pays de l’Est doivent ternir compte de tous ces aspects avec des particularités pour chaque pays,et il faut des personnes appropriées pour orienter la la prise des décisions politiques au sommet de l’État.

Sé Marcelin CIKWANINE

08 août 2020

Patriote-résistant
consciencecbm@gmail.com