Bujumbura-Kigali à couteaux tirés

Par Alain Desire Karorero

Une hostilité froide a depuis 2014, tenu lieu de relations entre Bujumbura et Kigali. Tout au long de l’année 2014, le Rwanda par médias locaux et internationaux, des organisations de la société civile burundaises et des ONGs internationales interposés agitait le spectre d’une catastrophe humanitaire en perspective. A ce jour, il n’en est rien. Le génocide chanté n’a pas eu lieu, l’insurrection et le coup d’Etat n’ont rien donné. Le monde entier a salué la grande maturité du peuple burundais face à la mauvaise foi et la supercherie de ces démocrates de façade qui ne voulaient pas aller aux urnes, parce qu’ils savaient pertinemment qu’ils n’avaient rien à y ramasser.

Pneus brûlés, véhicules incendiés, infrastructures publiques saccagées, policiers séquestrés, désarmés, tabassés, blessés ou tués, les forces de l’ordre se sont montrées flexibles. On attendait leur riposte et c’est ce qu’on allait appeler génocide. Kigali ne s’avoua pas vaincu et emprunta une autre batterie. Les attaques sporadiques ciblées dans les ménages, sur les places publiques etc…Situation vite maîtrisée, putschistes et terroristes hormis ceux qui ont laissé la peau dans les affrontements et ceux qui ont été arrêtés, tous prirent la poudre d’escampette vers le Rwanda où, ils sont aujourd’hui entraînés militairement pour revenir déstabiliser leur pays.
Aujourd’hui, Bujumbura accuse Kigali se défend et nie tout acte répréhensible. Une lutte silencieuse mais visible est engagée. Bujumbura rappelle que l’agression du Rwanda contre lui ne date pas d’hier.

En effet, la prise en otage des jeunes réfugiés burundais venus de Kamanyola en République Démocratique du Congo pris en otage en vue de les enrôler de force dans les rangs des combattants est cette goutte qui a fait déborder le vase. Les leurs les réclament à cor et à cri, Bujumbura s’implique pose la question. Kigali par le biais de la ministre des affaires étrangères Louise Mushikiwabo envoie la lettre n°161/0901/CAB MIN/18, à son homologue burundais l’Ambassadeur Alain Aimé Nyamitwe. Une lettre qui ne contient rien, rien que pour se moquer des familles qui ne dorment plus. Ce énième conflit qui vient d’éclater vient de réveiller plusieurs dossiers qui étaient en sommeil. Le plus lourd est l’affaire Pierre Ngendandumwe premier ministre du royaume du Burundi assassiné le 15 janvier 1965 par un ressortissant rwandais Muyenzi Gonzalve qui travaillait à l’ambassade des Etats-Unis et qui a avoué le forfait. L’affaire restera classée pendant plus trois décennies, le président Melchior Ndadaye qui a tenté de le soulever n’a pas survécu, de même que son successeur Cyprien Ntaryamira. Et pour l’enterrer une fois pour toutes, il fallait le come-back de l’enfant chéri des grands, Pierre Buyoya. Et Il est revenu en juillet 1996.

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Aujourd’hui, le Rwanda fait face à six chefs d’accusation et le Burundi menace de les porter devant les tribunaux internationaux. Entre autres, l’assassinat du premier ministre du Royaume du Burundi Pierre Ngendandumwe, le président Cyprien Ntaryamira, l’hébergement des putschistes et les terroristes, l’armement et l’enrôlement forcé des réfugiés dans les rangs des combattants, la prise en otage des réfugiés burundais désireux de regagner le bercail, et tous les crimes commis sur le territoire burundais depuis l’indépendance avec la complicité du Rwanda. Très récemment en 2015, n’a t- on pas trouvé à Musaga un corps sans vie. C’était le major Akiri officier rwandais qui entraînait les insurgés. Vous vous souviendrez aussi du premier sergent major Cyprien Rucyahintare capturé en province de Kirundo , la liste est longue. Face à toutes ces accusations Kigali reste sourd et muet.

Entre les deux pays, les relations n’avaient jamais été aussi tendues, la Communauté d’Afrique de l’Est doit contribuer à désamorcer ce conflit qui risque d’avoir des suites funestes. Il faut qu’il soit vite réglé par une commission spéciale d’arbitrage. En sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine, Paul Kagamé pourrait apporter ses bons offices, malheureusement, il ne peut pas être juge et partie, car il est présenté comme l’âme damnée des putschistes. Aujourd’hui, la question qui est posée est « QUI » tranchera pour vider cet abcès puisque le complot contre le régime du président Pierre Nkurunziza et le parti CNDD-FDD est trop large et international.