Les conflits ethniques sont séculaires dans la région des grands lacs. Ils se caractérisent par des dynamiques complexes avec des clivages et des alliances aux dimensions transfrontalières.
Les populations y entretiennent des rapports sociaux, culturels et économiques depuis la nuit des temps.
Depuis les indépendances, on a remarqué qu’un conflit interne dans un pays avait des incidences sur les autres et portait atteinte aux équilibres de la région.
Les pogroms au Rwanda ont jeté des milliers des réfugiés dans les pays voisins. Les massacres de 1972 au Burundi, le coup d’Etat d’Octobre 1993 au Burundi, les massacres des rwandophones congolais en 1992, 93 et le génocide contre les tutsis en 1994.
Ces violences entrainent des pertes en vies humaines, des destructions des infrastructures et des biens, des déplacements des populations, des maladies et aggravent la précarité.
En dépit de la mise en place des mécanismes de contrôle et de stabilisation, la paix et la sécurité restent un défi inatteignable dans la région.
Plusieurs études ont identifié les causes profondes de ces conflits et leurs conséquences néfastes.
L’Est de la République Démocratique du Congo plus particulièrement le grand Kivu florissant est au carrefour des migrations transfrontalières et objet des conflits ethniques.
Les ambitions politiques ne permettent pas de cerner clairement la situation et l’usage de la propagande, la manipulation des faits historiques et la désinformation participent à l’enlisement de la situation.
On s’adonne volontiers à la manipulation des leaders locaux comme les chefs coutumiers, a l’instrumentalisation des clivages ethniques créant un climat de méfiance.
Ajouter à cela la mauvaise gouvernance en RD Congo, la corruption endémique et la paupérisation des populations, la déliquescence de l’Etat fragilisent toute initiative de résolution des conflits.
La création des groupes armes répond à des intérêts et des agendas différents, souvent contradictoires. Certains se réclament protecteurs de leurs ethnies ou tribus.
Et des activistes de la société civile viennent parfois brouillés la compréhension des enjeux suite a des prises de position partisans qui jouent un jeu trouble.
Ceci atteste souvent de la volatilité des alliances et la contradiction des intérêts en place.
Et on ne cesse d’assister à l’opposition et l’instrumentalisation des controverses des populations dite « autochtone » et « étrangère » au mépris des réalités historiques.
On incite ainsi les uns à pourchasser les autres entrainant des violences, pillages, destructions des biens. Le plus curieux ce qu’il n’y a pas de guerre totale mais des expéditions punitives.
Le but étant de renforcer sont propres pouvoir et son influence tant sur le plan local que national.
Plusieurs cadres d’échanges et de concertation existent entre les pays concernés. Mais ne sont point utilisées à bon escient. Il y a des collusions qui en sont des empêchements.
Certaines pistes ont suggéré une gestion commune des zones frontalières et une intégration des communautés transfrontalières pour un changement de paradigme. Mais la mauvaise gouvernance dans certains pays membres est un obstacle a cette réalisation.
Guylain SHEMA