En décrétant l’état de siège au Nord Kivu et en Ituri, Tshisekedi partait d’une intention louable. Endiguer la crise sécuritaire endémique et sécuriser les populations des deux provinces.
Mais il n’avait bien évalué la situation. Elle beaucoup plus complexe. Tshisekedi ne croyait pas si bien dire quand il dénonçait « les de magouilles et la mafia » au sein des FARDC. Ces derniers volent, violent, tuent et pillent.
Les chiffres du baromètre de sécurité du Kivu indiquent qu’il y a deux fois plus de morts depuis l’instauration de l’état de siège. Cet échec cuisant est une épine dans le pied de Tshisekedi.
En son temps, Kabila avait lancé des opérations militaires d’envergure : umoja wetu, Amani kwetu, Sokola Iet II san aucun changement de la situation sécuritaire.
On aurait perdu de vue la « conférence de paix « de Goma en 2008 entre le gouvernement et tous les groupes armés. A l’époque on dénombrait une quarantaine, il y en a plus de cent trente aujourd’hui.
Dans la conflictualité à l’est de la RDC, les FARDC font partie du problème.
En plus de la faillite de l’Etat, l’instrumentalisation des identités, une propagande meurtrière, des contre-vérités, les leaders locaux compromis avec les groupes armés, le trafic et contre bande des hauts gradés des FARDC.
Cette mosaïque d’ingrédients dont se nourri l’insécurité à l’Est du pays depuis presque trente ans a embarqué la Monusco dans des liaisons troubles et dangereuses avec les forces négatives dont les FDRL et les ADF.
En effet, les FARDC se sont trouvé des supplétifs dans les combats qui les opposent au M23. Il s’agit des FDRL et des Mai Mai Nyatura.
En cela avec la bienveillance de la Monusco pourtant chargé de combattre les forces négatives à l’Est de la RDC.
Des sources dignes de foi ont fait état des combats près de Shangi mardi 7 juin 2022. La coalition FARDC, FDRL et Mai Mai Nyatura ont été vaincu à Muhati par le M23.
Quinze combattants des FDRL et les Mai Mai Nyatura ont fui vers la base militaire de la Monusco à Shangi.
Seulement, dans l’embarras, la Monusco fait de la rétention d’information quant à la présence de ses visiteurs encombrants qu’elle a exfiltré de sa base sous le regard des curieux qui ont vendu la mèche.
Le rapport sur l’incident n’a donc plus rien de confidentiel. Et il ne serait pas le premier.
D’autres informations, tout aussi crédibles, indiquent que vingt éléments des FDRL Nyatura qui se trouvaient dans les enceintes de la Monusco à Shangi ont été évacués clandestinement vers le camp militaire des FARDC de Rumangabo avec la logistique de la Monusco.
Cette opération servait à permettre aux éléments exfiltrés de se réorganiser.
La Monusco se comporte ainsi comme protagoniste. Et cela change sa mission tout autant que la donne.
Depuis qu’elle sait que l’information a fuité, elle a tout de suite allumé un contre feu pour faire diversion. Accusant le M23 d’avoir attaqué ses positions.
Trop tard !
Guylain SHEMA