RWANDA: 27 ANS DEPUIS LE GENOCIDE

Dans la communauté rwandaise beaucoup connaissent Béatrice Mukamulindwa, une rwandaise habitant à Louvain-la-Neuve fondatrice de l’ASBL CCMES (Le cri du Cœur d’une Mère qui Espère) et qui 27 ans après le génocide espère encore retrouver, Alain Flavien Mudacumura, Aline Ngwinondebe et Nadege Uwase Rwagasana ses trois enfants ainsi que Marie Noëlle Mutabazi et Alice Uwineza , ses deux nièces dont elle est sans nouvelles depuis 1994.

Dans cet entretien avec Pie Tshibanda, elle explique pourquoi après autant d’années elle ne se décourage pas, garde espoir et continue ses recherches
« Jusqu’à maintenant Je n’ai ni la trace de leur vie , ni la la trace de leur mort , je les prends pour des disparus et non pour des morts »

Elle explique comment dans la communauté rwandaise beaucoup prennent pour des fous et des folles les personnes comme elle refusent de se décourager après autant d’années et qui ne parviennent pas à avancer tant qu’ils ne connaissent pas le sort de leurs proches

« On ne peut pas mener une vie normale sans savoir ce qu’est devenu son enfant , la plupart des personnes nous prennent pour des fous et des folles (…) ce n’est pas un caprice , c’est un problème de santé public surtout pour les mamans qui sont au Rwanda , ce n’est pas une question qu’on peut laisser comme ça (…) vous vous imaginez vivre avec des voisins qui vous font comprendre indirectement que vous êtes malades , que vous n’avez pas le droit de savoir , que c’est des caprices »

Elle déplore le manque d’écoute auquel elle fait face dans la communauté rwandaise « on crie , on crie on a l’impression que notre cri s’évanouit dans le vide que personne ne veut nous écouter. »

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Paradoxalement alors qu’au Rwanda personne ne semble vouloir prendre ce problème des proches disparus à bras le corps , c’est dans la société belge que Béatrice Mukamulindwa a trouvé cette écoute dont les familles concernées auraient besoin au point que le 7 avril 2021, le sujet a fait la une du journal parlé de la RTBF.
Une carte blanche signée par 111 personnalités du monde politique et associatif belge a été également publiée dans le journal le soir dénonçant le silence qui entouré ce « traumatisme collectif »

« Une chape de silence pèse sur ce traumatisme collectif. Il est souvent très difficile pour les victimes d’en parler. Des personnes sont considérées comme mentalement dérangées, le sujet reste tabou. Des histoires sont toujours non élucidées. Ignorer et taire cette problématique est lourd de conséquences pour les personnes concernées dans la société actuelle et pour les générations futures. C’est en effet une question de santé publique. Tant les pouvoirs publics rwandais que l’opinion internationale peinent à prendre en compte ces enjeux complexes. »

Et dénonce également notre indifférence :

« L’indifférence et le silence qui empêchent des personnes et des collectivités d’envisager sereinement leur avenir ne sont pas acceptables ! Nous pouvons agir ici en Belgique par un travail d’information et de sensibilisation de la communauté rwandaise et de la société dans son ensemble. »

Par Mbonyumutwa Ruhumuza