Il n’est pas exclu qu’un jour les Congolais se souviennent avec « nostalgie » des années Joseph Kabila si l’agenda de la balkanisation s’accélère, et que les populations congolaises se retrouvent dans des souffrances pires que les souffrances actuelles.
Le Congo est actuellement dans un tournant de son histoire marqué par un desserrement de l’emprise de Joseph Kabila sur Félix Tshisekedi. Kabila ne contrôle plus Tshisekedi, et les kabilistes « avertis » en ont déjà pris conscience, d’où leur massive migration de survie vers l’Union sacrée et des démissions spectaculaires comme celle du président du Sénat, Thambwe Muamba. Une bonne nouvelle pour les Congolais, a priori, mais les choses ne sont pas aussi simples. En effet, il y a un prix à payer pour cette mise à l’écart de Kabila, et c’est ce qui devrait préoccuper les Congolais.
J’y ai réfléchi après avoir suivi l’émission de Fabien Kusuanika (Télé Tshangu) de ce vendredi 5 février 2021.
1/ Kabila
a) Le côté rassurant de ce tournant historique est que le retour de Joseph Kabila en 2023 n’est plus un scénario envisageable, même pas dans le rôle de faiseur de roi. Selon Patrick Mbeko, Kabila serait même dans la hantise d’une élimination physique au vu du déploiement des services secrets américains qui pistent ses déplacements jusque dans le Katanga. Ce sont les Français qui plaideraient pour que son sort n’aille pas jusqu’au coup fatal.
b) Le côté inquiétant.
Les kabilistes ayant accepté de couper les ponts avec Kabila auraient obtenu la promesse qu’ils ne seront pas inquiétés. Donc, impunité garantie et à dieu justice et réparation pour les victimes des années Joseph Kabila ! Pire, le « lobby meurtrier rwandais » fait partie de ces anciens soutiens de Kabila qui passent du côté Tshisekedi avec des assurances. Patrick Mbeko livre la confidence selon laquelle les Rwandais ont obtenu de Tshisekedi ce qu’ils n’ont jamais obtenu de Joseph Kabila. Quoi exactement ? D’où, par exemple, le silence de Tshisekedi sur les déploiements militaires rwandais dans l’est du Congo.
2/ L’éclatement du Congo en échange de la protection américaine du « pouvoir luba » de Félix Tshisekedi à Kinshasa. La balkanisation du Congo est toujours dans les agendas des Démocrates américains depuis l’AFDL/CNDP-M23 de Laurent-Désiré Kabila (Kagame/CNDP-M23).
Il se profile à l’horizon le scénario selon lequel en échange de la protection du pouvoir de Félix Tshisekedi à Kinshasa, Américains et Rwandais accélèrent l’éclatement du Congo dans sa partie orientale. Tshisekedi contrôle Kinshasa et le pouvoir politique d’apparat (gouvernement, parlement, Cour constitutionnelle) mais laisse tout l’est du Congo et ses ressources entre les mains du pouvoir rwandais, qui est lui-même parrainé par les Américains. Rappelons que les Démocrates sont revenus à la Maison Blanche, et que les Démocrates sont dans une alliance historique meurtrière au Congo avec le pouvoir hégémoniste tutsi de Paul Kagame.
C’est en effet l’administration démocrate sous Bill Clinton qui avait déclenché la Guerre du Congo en 1996 en coalition avec l’armée tutsi rwandaise de Paul Kagame. La perspective d’une nouvelle alliance Kigali-Washington dans une réplique « Kagame-Biden », après la catastrophe de l’alliance « Kagame-Clinton », n’augure rien de bon pour les Congolais, malgré la mise à l’écart de Joseph Kabila.
Il n’est pas exclu qu’un jour les Congolais se souviennent avec « nostalgie » des années Joseph Kabila si l’agenda de la balkanisation s’accélère, et que les populations congolaises se retrouvent dans des souffrances pires que les souffrances actuelles. Les Américains, les Rwandais et Tshisekedi ne sont pas en train de dépouiller Kabila et prendre le contrôle du Congo dans l’intérêt des populations congolaises. Ça au moins, c’est une certitude./