Président Ndayishimiye: “Nous souhaitons toujours de bons rapports avec d’autres pays, mais nous ne voulons pas coopérer avec des hypocrites”

La confrontation rhétorique en mode on. A Kirundo, jeudi 6 août, dans le cadre de sa tournée dans les provinces du nord, le président Ndayishimiye a adopté la confrontation rhétorique face à la main tendue de l’homme fort chez le voisin du nord – sans jamais le nommer. Ce faisant, l’imprévisibilité de l’attaque reprend du service. Cette tactique de dépréciation de cette tentative de rapprochement démarre par un argument ad hominem : « Nous souhaitons toujours de bons rapports avec d’autres pays, mais nous ne voulons pas coopérer avec des hypocrites qui nous leurrent que nous sommes en bons termes alors qu’ils ont mis sous nos pieds une épine prête à nous transpercer. Nous savons pourquoi ils retiennent en otage ces réfugiés. C’est pour protéger les responsables des crimes commis dans notre pays, nous en sommes au courant. »

Ce geste symbolique de réconciliation, pour l’hôte de Ntare Rushatsi House, doit s’inspirer de la leçon ancestrale de bon voisinage : « Par le passé, pour consolider le bon voisinage, lorsqu’un enfant fautif allait se réfugier dans une autre famille, celle-ci demandait à la famille de l’enfant pourquoi il était venu chez elle. Ses parents informaient alors leur voisin des fautes de leur enfant et demandaient qu’il leur soit envoyé pour être puni. Un voisin qui n’agit pas ainsi n’est pas un bon voisin. Un bon voisin cherchait à savoir les raisons de la présence chez lui de ceux qui se dirigent vers lui. Puis, il les envoyait chez eux pour qu’ils soient punis. »

Et de marteler le préalable à l’acceptation de la main tendue de Kigali : « S’ils veulent de bons rapports avec le Burundi, qu’ils se conforment à ce préalable de nous envoyer les responsables des crimes commis au Burundi pour que nous les traduisions devant la justice. Ainsi, leurs victimes seront apaisées. »

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Mais le nouveau gouvernement pour un ancien régime innove, fait ce qu’il a dit… Arrestations de responsables administratifs au niveau local et d’Imbonerakure dans le cadre de la politique de tolérance zéro contre la corruption. Sur l’ensemble du territoire, les Imbonerakure sont tenus en bride.

Hier, dans ses relations bilatérales avec la Belgique et multilatérales avec l’ONU, l’UE et l’UA, étaient légion les illustrations d’une confrontation rhétorique – un exercice dans lequel n’avait pas son pareil Gélase Ndabirabe, “monsieur je reprends”, un cacique du parti de l’Aigle, propulsé au perchoir depuis vendredi 7 août – qui irrigue le cœur historique du système. Aujourd’hui, persister à percevoir Kigali comme ennemi la justifie, la vivifie. Ainsi apparaît comme hors-sol l’envolée lyrique du chef de la diplomatie burundaise : « La page de 2015 est en train d’être fermée définitivement pour ouvrir une nouvelle page pleine d’espoirs pour les Burundais et l’humanité.» Du coup, depuis 2015, une constante se dégage : le régime alterne des séquences de crise et une petite période de pragmatisme.

Opérer sa révolution copernicienne – renoncer à la confrontation rhétorique – pour un système évoluant dans un champ qui n’est pas arrosé par une saine confrontation d’idées, c’est se décapiter.

Par Guibert Mbonimpa