Réflexion: Un dialogue réussi après un long combat

Par Alain Desire Karorero

On peut se poser la question de savoir pourquoi aujourd’hui les politiciens parviennent à dialoguer sans médiateur étranger. Ce qui n’a pas été possible il y’a 26 ans. C’est tout simplement parce qu’il y avait absence de volonté. Il était difficile voir inutile d’engager un dialogue de sourds, car, les violons ne pouvaient pas s’accorder sur plusieurs points quand il s’agissait de discuter sur l’avenir du pays. Rien que sur le partage du gâteau national dans l’immédiat.

Le temps et les événements ont petit à petit changé la mentalité des politiciens Burundais. Il y’a 26 ans, les partis politiques agréés au Burundi se sont regroupés en deux blocs qui nous rappelaient quotidiennement que le peuple burundais est un peuple divisé. Ce sont les fameux G7 et G10 aujourd’hui disparus, créés sous l’impulsion des planificateurs et commanditaires de la fameuse révolution de couleur de 2015 qui a semé la mort et la désolation dans certains quartiers de la mairie de Bujumbura et provoqué des flux de réfugiés, qui sont heureusement aujourd’hui dans leur quasi-totalité de retour au bercail.

En effet, le G7 et le G10 qui étaient censés représenter les deux principales composantes du peuple burundais ne dialoguaient pas, il y’avait seulement des consultations à l’intérieur de chaque groupe et chacun d’eux amenait des propositions sur la table de négociation en présence d’un médiateur étranger. C’était honteux qu’il fût difficile de qualifier le Burundi de pays souverain. Sans être mandatés par personne, ils ont fini par sceller un accord de partage du pouvoir au nom du peuple burundais. C’est l’Accord d’Arusha de 2000 élaboré avec beaucoup de réserves. Il en est de même pour la constitution du 18 mars 2005 issue du même accord.

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Ceci veut dire en gros que tous les textes sur lesquels on se basait pour prendre d’importantes décisions avant le référendum du 17 mai 2018 ont été élaborés avec l’aide des étrangers. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Hélas, l’étranger ne dort que d’un d’œil. Et pour preuve : on a entendu à plusieurs reprises notre cher honorable Agathon Rwasa demander que le processus électoral soit remis entre les mains de la communauté internationale.

Processus qui ne doit rien à la générosité de cette communauté qui semble avoir tourné définitivement le dos au Burundi. Par communauté internationale entendez bien, ceux qui ont planifié et financé l’insurrection violente et le coup d’Etat de mai 2015. Voilà, la première preuve qu’il n’ira pas aux élections. Il a eu trois chances de voir ce qu’il pèse dans balance politique burundaise. D’abord en 2010 puis en 2015 et en fin en mai 2018. Après le fiasco de 2018, e fondateur du parti Cnl, parti créé à la hâte pour la circonstance a vu ses espoirs se réduire comme une peau de chagrin.

A 24 mois des élections de 2020, il a pu bien voir comment la balance est trop penchée, c’est probablement pour cette raison il a commencé à jouer à la victime. Les « Cenelois » sont toujours des victimes d’agression, je passe sous silence la démolition des permanences de cette nouvelle formation politique par des personnes qui logent à l’intérieur de ces dernières. Reste le boycott de la dernière minute qui vivra verra. « Iyizobwagura imisega uyibona ikizezuye dit-on en kirundi ». Ne considérez pas cet adage comme écart de langage, je n’ai rien inventé, c’est du kirundi. Ceci se traduit en français : « La chienne qui va mettre bas des chiots qui deviendront des chiens malingres, on la voit avant la mise bas ».

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Le leader du Cnl sillonne les provinces et communes et multiplient des discours se présentant comme l’incarnation de l’unité nationale. Cela frise le mensonge éhonté. Rentré le 31 mai 2008, après 20 ans de maquis. Il a aussitôt demandé au gouvernement burundais la reconnaissance de son mouvement : le Parti de Libération du Peuple Hutu FNL. Condition pour déposer définitivement les armes. La réponse du président de la République Pierre Nkurunziza fut catégorique et sans appel dans son refus.

L’Etat burundais devait en effet, s’en tenir strictement à la constitution qui interdit les partis à connotation ethnique. Donc, Hon Agathon Rwasa faisait fi de ce qui était écrit dans l’Accord global de cessez-le-feu, il était prévu que le Palipehutu Fnl devienne parti politique en suivant les procédures qui sont réglementées par la loi. C’est ce qui était et qui est toujours dans l’accord global de cessez-le feu que Agathon Rwasa venait de signer en âme et conscience mais qu’il a continué à violer ostensiblement peu après les élections de 2010 qu’il venait de perdre pour aboutir à la formation d’un gouvernement de transition.

On pouvait également se poser la question de savoir ce qui signifie « libération du peuple hutu » dans un pays où, le président de la République, les présidents des deux chambres du parlement, le deuxième vice-président de la République , la majorité des membres du parlement et du gouvernement, le chef d’état-major de l’armée pour ne citer que ceux-là sont issus de l’ethnie que le parti dirigé par Rwasa Agathon prétendait venir libérer. Libérer de quoi ?

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Il convient de signaler que la demande d’agrément du palipehutu Fnl a été faite au moment où, le gouvernement était en train d’essayer de recoudre le tissu social déchiré par une décennie de guerre et plusieurs évènements malveillants qui étaient devenus quasi cycliques depuis l’indépendance du Burundi.